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ET MAXIMES MORALES

CCCXXVI

Le ridicule déshonore plus que le déshonneur[1]. (éd. 3.)

CCCXXVII

Nous n’avouons de petits défauts que pour persuader que nous n’en avons pas de grands[2]. (éd. 3.)

CCCXXVIII

L’envie est plus irréconciliable que la haine[3] (éd. 3.)

CCCXXIX

On croit quelquefois haïr la flatterie, mais on ne hait que la manière de flatter[4]. (éd. 3*.)

  1. Voici comment la marquise de Lambert apprécie cette réflexion, qu’elle cite d’ailleurs inexactement (Premier avis d’une mère à son fils, Paris, 1726, p. 45) : « M. de la Rochefoucauld dit que le déshonorant offense moins que le ridicule ; je penserois comme lui, par la raison qu’il n’est au pouvoir de personne d’en déshonorer un autre : c’est notre propre conduite, et non les discours d’autrui qui nous déshonorent. Les causes du déshonneur sont connues et certaines ; le ridicule est purement arbitraire. » — Si Mme de Lambert juge que le ridicule n’est qu’arbitraire, la Bruyère en reconnaît au moins un comme réel et permanent : « L’homme ridicule, dit-il (des Jugements, no 47), est celui qui, tant qu’il demeure tel, a les apparences du sot. Le sot ne se tire jamais du ridicule ; c’est son caractère. » — Duclos (tome I, p. 174, Considérations sur les mœurs de ce siècle, chapitre ix) ; « Le ridicule est le fléau des gens du monde, et il est assez juste qu’ils aient pour tyran un être fantastique. »
  2. La Bruyère (de l’Homme, no 67) : « Les hommes parlent de manière, sur ce qui les regarde, qu’ils n’avouent d’eux-mêmes que de petits défauts. » — Voyez les maximes 184, 383, 424, 442, 554, 609, et la 5e des Réflexions diverses.
  3. L’auteur dira pourtant (maxime 376) que la véritable amitié désarme l’envie. — Voyez aussi les maximes 433, 476 et 486.
  4. Var. : On croit haïr les flatteurs, mais on ne hait que les mauvais. (Manuscrit.)