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Page:La Rochefoucauld - Œuvres, Hachette, t1, 1868.djvu/31

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SUR LA ROCHEFOUCAULD

d’un regard et n’avait pas cru découvrir en lui un adversaire bien redoutable. La Rochefoucauld, dans ce passage de ses Mémoires, a beau enfler son personnage, il ne réussit point à se faire prendre au sérieux. La Meilleraye et Chavigny le dépeignent au Cardinal comme une sorte de Jehan de Saintré qui n’a d’autre politique que sa galanterie ; lui-même, il s’avoue tel involontairement, lorsqu’il nous dit que la secrète approbation de la Reine, les « marques d’estime et d’amitié » de Mlle de Hautefort, la reconnaissance de Mme de Chevreuse l’ont trop bien payé de ses disgrâces[1].

Aussi le voyons-nous supporter « avec quelque douceur[2] » un nouvel exil de deux ans à Verteuil. Là où un homme d’action véritable eût rongé son frein, Marcillac prend volontiers son parti : « J’étois jeune, dit-il,… j’étois heureux dans ma famille, j’avois à souhait tous les plaisirs de la campagne ; les provinces voisines étoient remplies d’exilés, et le rapport de nos fortunes et de nos espérances rendoit notre commerce agréable[3]. « Au reste, l’exil ne paraît pas avoir été bien rigoureux : dans une lettre à son oncle, M. de Liancourt[4], notre auteur, nous apprend qu’il vint à Paris en septembre 1638, pour les affaires de la succession de sa belle-mère, Mme de Mirebeau ; c’est à ce voyage que se place une réclamation de pierreries par Mme de Chevreuse[5].

De retour à l’armée, en juin 1689, il se distingue, entre les volontaires de qualité, par sa valeureuse conduite, aux combats de Saint-Venant-sur-Lys et du fort Saint-Nicolas (le 4 et le 24 août)[6] ; si bien que le Cardinal, après l’avoir puni, songe à le récompenser : le maréchal de la Meilleraye lui offre, de sa part, « de le faire servir de maréchal de camp'[7]. » Un mérite militaire même plus haut que celui de


    vembre, il faut, à la date, lire novembre, au lieu d’octobre, ou supposer que l’ordre avait été donné d’avance:voyez à l’appendice i de notre tome III, p. 242.

  1. Mémoires, p. 40.
  2. Ibidem.
  3. Ibidem.
  4. Tome III, p. 16-21
  5. Elle est racontée longuement dans cette même lettre, p. 17-21.
  6. Voyez les Extraordinaires de la Gazette, des 18 et 29 août 1639 ; et Bazin, tome III, p. 24 et 25.
  7. Mémoires, p. 41.