Page:La Rochefoucauld - Œuvres, Hachette, t1, 1868.djvu/32

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
xx
NOTICE BIOGRAPHIQUE

Marcillac se fût tenu pour l’heure satisfait ; cependant, après avoir consulté la Reine, il refuse, pour rester libre de comploter contre Richelieu. Dans ce métier de conspirateur, il a encore, il est vrai, certains scrupules qui sont à l’honneur de sa loyauté. Il n’entre pas dans l’odieux complot que, peu de temps après, Cinq-Mars ourdit contre le Cardinal, son bienfaiteur. Si, à un certain moment, il s’est trouvé, comme il dit[1], dans les intérêts de Monsieur le Grand, qu’il n’avait presque jamais vu, c’est uniquement comme ami de l’infortuné de Thou[2]. Étranger à l’affaire même, il se mêle, en homme de cœur, dans ses suites : il fournit à Montrésor, un des conjurés les plus compromis, les moyens de se soustraire à la vengeance de Richelieu ; il prête également son assistance au comte de Béthune, accusé, bien qu’à tort, d’avoir trahi ses complices. On le voit, dès qu’il s’agit de déployer du courage et de servir ses amis, Marcillac ne boude jamais : il a beau prévoir le péril, il est toujours prêt aux « rechutes » par la « nécessité indispensable » de faire son devoir de gentilhomme tel qu’il le comprend[3].


Richelieu mourut le 4 décembre 1642[4], et l’on prévoyait que le Roi ne survivrait guère à son ministre. Toutes les ambitions, rompant leurs chaînes, s’élançaient d’avance dans la lice ; les unes tenaient pour la Reine, les autres pour Gaston d’Orléans, à qui Louis XIII destinait la Régence. Par ses précédents, par ses goûts et aussi par ses espérances, qui n’avaient pas encore été déçues, Marcillac appartenait au parti d’Anne d’Autriche. Il offrit donc ses services à la Reine, et lui proposa de s’unir à la maison de Condé contre Monsieur.

  1. Mémoires, p. 45.
  2. Voyez, au tome III, p. 22, la lettre de condoléance qu’il écrit à son frère, l’abbé de Thou.
  3. Mémoires, p. 46.
  4. À cette année 1642 appartient un curieux détail. En février, nous voyons Marcillac expédier d’Angoumois des vins à destination de l’Angleterre, et, prenant pour adresse : « à Monsieur Graf, » demander qu’en échange on lui envoie des chevaux et des chiens : voyez, l’appendice i du tome III, lettre 5, p. 243.