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Page:La Rochefoucauld - Œuvres, Hachette, t1, 1868.djvu/340

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RÉFLEXIONS OU SENTENCES

trariétés qu’il y en a naturellement dans le cœur de chaque personne[1]. (éd. 5.)

CDLXXIX

Il n’y a que les personnes qui ont de la fermeté qui puissent avoir une véritable douceur : celles qui paroissent douces n’ont d’ordinaire que de la foiblesse, qui se convertit aisément en aigreur[2]. (éd. 5.)

CDLXXX

La timidité est un défaut dont il est dangereux de reprendre les personnes qu’on en veut corriger[3]. (éd. 5.)

CDLXXXI

Rien n’est plus rare que la véritable bonté : ceux

  1. Horace dit en parlant de la pensée de l’homme (livre I, épitre i, vers 99) :
    … Vitæ disconvenit ordine toto.

    « Elle n’est jamais d’accord avec elle-même dans toute la suite de la vie. » — Charron (de la Sagesse, livre I, chapitre xxxviii) : « Nos actions se contredisent souuent de si estrange façon qu’il semble impossible qu’elles soient parties de mesme boutique. » — La Bruyère (de l’Homme, no 99) : « Quelques hommes, dans le cours de leur vie, sont si différents d’eux-mêmes par le cœur et par l’esprit, qu’on est sûr de se méprendre, si l’on en juge seulement par ce qui a paru d’eux dans leur première jeunesse. » — Voyez les maximes 51 et 135.

  2. Vauvenargues (maxime 55, Œuvres, p. 879) : « Il n’y a guère de gens plus aigres que ceux qui sont doux par intérêt. » — Rapprochez des maximes 287, 887 et 481.
  3. Parce que, dans ce cas, on l’augmente, comme le fait observer l’annotateur contemporain. — On sait que la Rochefoucauld était timide, au moins à parler, et que Huet (voyez ses Mémoires, traduction de M. Ch. Nisard, Paris, Hachette, 1853, un vol. in-8o,