Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
207
ET MAXIMES MORALES
CDXC
On passe souvent de l’amour à l’ambition, mais on ne revient guère de l’ambition à l’amour[1]. (éd. 5*.)
CDXCI
L’extrême avarice se méprend presque toujours : il n’y a point de passion qui s’éloigne plus souvent de son but, ni sur qui le présent ait tant de pouvoir, au préjudice de l’avenir[2]. (éd. 5.)
CDXCII
L’avarice produit souvent des effets contraires : il y a un nombre infini de gens qui sacrifient tout leur bien à des espérances douteuses et éloignées ; d’autres méprisent de grands avantages à venir pour de petits intérêts présents[3]. (éd. 5.)
- ↑ Var. : On va de l’amour à l’ambition, mais on ne va pas de l’ambition à l’amour. (Manuscrit.) — Tacite (Histoires, livre IV, chapitre vi) : Etiam sapientibus cupido gloriæ novissima exuitur. « Le désir de la gloire est la dernière passion dont les sages même se dépouillent. » — Pascal (tome II, p. 261 et p. 255, Discours sur les passions de l’amour) : — « Les passions qui sont les plus convenables à l’homme,… sont l’amour et l’ambition ; elles n’ont guère de liaison ensemble ; cependant, on les allie assez souvent ; mais elles s’affoiblissent l’une l’autre réciproquement, pour ne pas dire qu’elles se ruinent… Quand on aime une dame sans égalité de condition, l’ambition peut accompagner le commencement de l’amour ; mais, en peu de temps, il devient le maître. C’est un tyran qui ne souffre point de compagnon : il veut être seul ; il faut que toutes les passions ploient et lui obéissent. » — La Bruyère (des Biens de fortune, no 50, tome I, p. 262) : « L’ambition suspend en lui (en l’homme) les autres passions. »
- ↑ Vauvenargues (maxime 56, Œuvres, p. 379) : « L’intérêt fait peu de fortunes. » — Voyez les maximes 167 et 492.
- ↑ Voyez la maxime précédente et les 11e et 246e.