CDXCIII
Il semble que les hommes ne se trouvent pas assez de défauts : ils en augmentent encore le nombre par de certaines qualités singulières dont ils affectent de se parer, et ils les cultivent avec tant de soin qu’elles deviennent à la fin des défauts naturels qu’il ne dépend plus d’eux de corriger[1]. (éd. 5.)
CDXCIV
Ce qui fait voir que les hommes connoissent mieux leurs fautes qu’on ne pense, c’est qu’ils n’ont jamais tort quand on les entend parler de leur conduite : le même amour-propre qui les aveugle d’ordinaire les éclaire alors, et leur donne des vues si justes, qu’il leur fait supprimer ou déguiser les moindres choses qui peuvent être condamnées[2]. (éd. 5.)
CDXCV
Il faut que les jeunes gens qui entrent dans le monde soient honteux[3] ou étourdis : un air capable et composé se tourne d’ordinaire en impertinence[4]. (éd. 5.)
- ↑ Rapprochez des maximes 424, 442, 457 et 494.
- ↑ Duclos (tome I, p. 214, Considérations sur les mœurs de ce siècle, chapitre xii) pense au contraire que « les mauvais succès ne détrompent pas ceux qu’ils humilient. » — Voyez la maxime 36, qui, en un sens, est contradictoire à celle-ci, et les 424e, 442e, 493e et 509e. Dans cette dernière maxime, l’amour-propre, loin de nous aveugler,nous éclaire si bien qu’il devient notre tourment. — Mme de Sablé (maxime 13) : « Rien ne nous peut tant instruire du dérèglement général de l’homme que la parfaite connoissance de nos dérèglements particuliers. »
- ↑ Honteux dans le sens de timides.
- ↑ L’air froid de nos jeunes gens date de loin : une femme célèbre