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MAXIMES POSTHUMES


DXII

Il semble que c’est le diable qui a tout exprès placé la paresse sur la frontière de plusieurs vertus[1].

DXIII

Ce qui nous fait croire si aisément que les autres ont des défauts, c’est la facilité que l’on a de croire ce que l’on souhaite[2].

DXIV

Le remède de la jalousie est la certitude de ce qu’on a craint, parce qu’elle cause la fin de la vie, ou la fin de l’amour ; c’est un cruel remède, mais il est plus doux que le doute et les soupçons[3].

DXV

L’espérance et la crainte sont inséparables, et il n’y a point de crainte sans espérance, ni d’espérance sans crainte[4].

DXVI

Il ne faut pas s’offenser que les autres nous cachent la

  1. Voyez les maximes 169, 266, 398 et 630.
  2. Tel est le texte du manuscrit de la Rochcguyon. Dans une lettre à Mme de Sablé, celle qui contient aussi les maximes 515 et 525 (Portefeuilles de Vallant, tome II, f° 169), le commencement de la maxime est : « Ce qui fait croire, » et la fin : « ce qu’on souhaite. » — Le texte de M. de Barthélémy donne facilement pour aisément (c’est aussi la leçon de Blaise et d’AiinéMartin), à croire pour de croire, et ce qu’on désire pour ce que l’on souhaite. — Rapprochez des maximes 31, 267, 397 et 483.
  3. Rapprochez de la maxime 32, et de la 8e des Réflexions diverses.
  4. La maxime entière est dans le manuscrit de la Rocheguyon ; le premier membre de phrase se lit seul dans une lettre à Mme de Sablé (Portefeuilles de Vallant, tome II, f° 168), d’après laquelle Blaise et Aimé-Martin l’ont donné. — Meré (maxime 414) : « Toutes les fois que l’espérance nous console, la crainte nous peut affliger ; et quand ces deux passions règnent dans nos âmes, le repos ne s’y trouve jamais. » — Selon Vauvenargues (Imitation de Pascal : Vanité des Philosophes, Œuvres, p. 223), « l’espérance et la crainte sont les vrais ressorts de l’esprit humain. »