DCXXXVI
N’aimer guère en amour est un moyen assuré pour être aimé[1]. (1665, n° cccii[2].)
DCXXXVII
La sincérité que se demandent les amants et les maîtresses, pour savoir l’un et l’autre quand ils cesseront de s’aimer, est bien moins pour vouloir être avertis quand on ne les aimera plus, que pour être mieux assurés qu’on les aime[3] lorsque l’on ne dit point le contraire. (1665*, n° cccniii, mais par le fait n° ccciv.)
DCXXXVIII
La plus juste comparaison qu’on puisse faire de l’amour, c’est[4] celle de la fièvre : nous n’avons non plus de pouvoir sur l’un que sur l’autre, soit pour sa violence, ou pour sa durée[5]. (1665, n° cccvi.)
DCXXXIX
La plus grande habileté des moins habiles est de se savoir soumettre[6] à la bonne conduite d’autrui[7]. (1665, n° cccx.)
DCXL
On craint toujours de voir ce qu’on aime quand on vient de faire des coquetteries ailleurs. (1675, n° ccclxxii.)
- ↑ Amelot donne : « d’être aimé. »
- ↑ Dans trois des impressions de 1665, il y a deux numéros 302 ; cette maxime est sous le premier ; le second est notre 276e ; celle qui suit, sous le numéro 303, est notre 637e. La contrefaçon que nous désignons par 1665 D réunit sous un même chiffre, en deux alinéas, les deux maximes 302.
- ↑ Var. : … que pour être assurés qu’ils sont aimés… (Manuscrit.)
- ↑ Dans l’édition d’Amelot : est, pour c’est ; et plus loin : soit, pour ou.
- ↑ Rapprochez des maximes 5, 271 et 564. Voyez aussi la dernière note de la maxime 68.
- ↑ Brotier et Duplessis : « de savoir se soumettre. »
- ↑ Conduite, dans le sens de direction. — La maxime 283, mieux rédigée, rendait celle-ci inutile. — Voyez la maxime 378, qui semble contradictoire à celle-ci, car elle suppose que les conseils sont toujours inefficaces. — Voyez aussi le Portrait de la Rochefoucauld fait par lui-même. ci-dessus, p. 9.