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Page:La Rochefoucauld - Œuvres, Hachette, t1, 1868.djvu/496

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36o APPENDICE. premier qui auroit eu cette opinion ’. Si je ne craignois pas de mVri- ger trop en docteur, je vous citerois bien des auteurs ’^j et même des Pères de l’Eglise’ et de grands saints, qui ont pensé que l’amour- propre et l’orgueil étoicnt l’àme des plus belles actions des païens ; je vous ferois voir que quelques-uns d’entre eux n’ont pas même par- donné à la cliasteté de I^ucrèce*, que tout le monde .ivoit crue ver- tueuse *, jusqu’à ce qu’ils eussent découvert la fausseté de cette vertu, qui avoit produit la liberté de Rome, et ^ qui s’étoit attiré l’admiration de tant de siècles. Pensez-vous, Monsieur, que Sénèq-ie, qui faisoit aller son sage de pair avec les Dieux", fût véritablement sage lui-même, et qu’il fiit bien persuadé de ce qu’il vouloit per- suader aux autres? Son orgueil n’a pu l’empècber de dire quelquefois qu’on n^ avait point vu dans le monde d^ exemple de l’idée qii’ il proposait ^ quil était impossible de trouver une vertu si achevée parmi les /tommes^ et que le plus parfait dentre eux était celui qui avoit le moins de dé fauts^. Il demeure d’accord que lon peut reprocher à Socrate d’avoir eu quel- . L’édition de 1693 donne, sous la forme interrog;^tl^e : « seroit-// le premier qui auroit eu cette opinion ? r, . a .... àv faire ici le docteur, je vous citerois des auteurs graves, u [Edition de )6g3.) — A propos Ae faire ici le docteur^ voyez la note 8 de la page 357. . On l’a vu plus haut, p. 27 [Frèfice de la i éditioiù, la Rochefoucauld se réclamait également des Pères de l’Église. . « .... n’ont pas même excepté de ce nombre la chasteté de Lucrèce, n (Édition de 1693.) . « .... avoit crue vérilahlement vertueuse. » {Ibidem.’) — Il y a cru, sans accord, dans les éditions de i665 et de l6g3, conformément au principe établi par le P. Bouhours dans ses Remarques nouvelles (p. 320, 2° édition), à savoir que, quand on «ijoute quehjue chose après le participe , il a redevient indéclinable, étant suffisamment soutenu par ce qui suit. » . Voyez l’opinion de saint Augustin sur ce célèbre suicide, au cha- pitre XIX de la Cite de Dieu : il ne^(>it en Lucrèce qu’ <( une femme trop avide de gloire, » inulier laudis avida nimium. — Aux yeux de Saint-Évremond, qui n’était ni un grand saint ni un Père de l’Eglise, c’est « une prude farouche à elle-même, qui ne peut se pardonner le crime d’un autre. >> [Réflexions sur les divers génies du feufile romain, chapitre l.) . L’édition de 169! supprime les mots : « qui avoit produit la liberté de Rome, et. » Celles de 1705 et d’Amelot de la Houssaye les maintiennent. . Jovein plus non passe quant bonuin virurn..,. Deus non vincit sapientem felicitate, etiani si vincit xtate. « Jupiter n’a pas plus de puissance que l’homme de bien.... Dieu ne l’emporte pas sur le sage en félicité, bien qu’il l’emporte en durée. » (Sénèque, épure lxxiu.) — Les éditions de i665 et de I (393 marquent, par erreur, epître Lxxxiir, au lieu de épître Lxxui. — Voyez plus loin, p. 382. . Ubi enim istuin invenies quem tôt sxculis quserimus (sapientem) ? Pro optimo est minime malus. « Où trouverez-vous ce sage que nous cherchons dans tant de siècles? Le meilleur, c’est le moins imparfait, d (Sénèque, de la Tranquillité de l’âme^ chapitre vu.) — Meré (maxime 9) dit absolument de même : « Tous les hommes sont imparfaits, et le plus accompli, c’est celui qui a le moins de défaut [sic), »