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Page:La Rochefoucauld - Œuvres, Hachette, t1, 1868.djvu/497

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DISCOURS SUR LES MAXIMES. 36i quc^ amitiés suspectes; à Platon et Aristote , d’avoir été amres; à Épl-ure prodigue’ et voluptueux; mais il s’écrie en même temps que nous serions trop heureux^ d’être parvenus à savoir imiter leurs vicesK Ce philosophe ai.rolt eu raison d’en dire autant des siens ; car on ne séroit pas trop malheureux de pouvoir jouir, comme il a fait, de toute sorte de biens, d’honneurs et de plaisirs, en affectant de les mé- priser- de se voir le maître de l’Empire et de l’Empereur, et l’amant de rimpcratrlce en même temps; d’avoir de superbes palais, des jardins délicieux, et de prêcher*, aussi à son aise qu’il faisoit, la modération et la pauvreté, au milieu de l’abondance et des richesses . Pensez-vous, Monsieur, que ce stoïcien, qui contrefaisoit si bien le maître de ses passions, eut d’autres vertus’ que celle de bien ca- cher ses vices, et qu’en se faisant couper les veines, il ne se repentit pas plus d’une fois d’avoir laissé à son disciple le pouvoir de le faire mourir"? Regardez un j.eu de près ce f.ux brave: vous verrez qu’eu faisant de beaux raisonnements sur l’immortalité de l’àme, il cherche à s’étourdir sur la crainte de la mort; il ramasse toutes ses forces pour faire bonne mine»; il se mord la langue de peur de dire que I « à Épicure, qu’il était prodigue.... » [Édition de 1693 ) - Objicite Platoni" quod petient pecununn, AristoteU quod acceperit , Ep,curo quod coLmiJrit; S-.crati Alc,/dade,n et Ph^drum ohjectate. .< Reprocl.ez a Pbton d’avoir demandé de l’argent, à Aristote d’en avo.r reçu a EFçure de ravoir dépensé en prodigne ; reprochez h 5.cr«^. son A cdnade et son Phed.e. - Sénéque de la Vie heureuse, chapitre xxvii.) Dans le texte de Seneque , d y a mihi ipsi, au lieu de Socruti : c’est Socrate qui parle o „ ai.e nous serions heureux. » {Edawn de ibyi.) ’ O’vos usu maxime feUces, quum primum vohzs imUan vitui nostra eon- Jrit! « Oh! cpiedans la pratique vous ser.ez encore trop Heureux de pcfuvoir seulement imiter nos vices! >, {Sénèque, de la Fie heureuse, cha- pitre xxvii: c’est la suite immédiate de la citation précédente ) n « d’honneurs, de plaisirs, en affectant de les mepnser. / est doux démoraliser, et de se voir en même temps le maître de t-^Pj- «;f«l em- pereur, et l’amant Javori de Tlmpératrice ; d’avoir de^ supe. bas palais, des jardins délicieux, de prêcher enjln.... .. [LdiHon de 1690.) ^ 5. L’édition de 1693 ajoute ici : « H l’avoue lui-même, en Vf’f"-J’":, à qui ses trésors et sa J-andeur eommençoient à donner de ^ "’"^"S’ fj_ Anbarrasse de telle sir te dans ses excuses, que ’^'^ ^P’^'Z "fJ^.^Z pêcher de s^en moquer dans la réponse qu^il luijait. r, (Voyez Tacite, Annales, livre XIV, cliapitres liu-lvi.) . a .... qui contrefaisoit fir//i.fi. » [Edition de Ib93.) " « (Vautre vertu. » (Ibidem.) S. Sênèeam adoriuntur, tanquam ingentes et /'-’^-f- ";°;^:;’ Zn’, opes adhuc au^eret, quodque studia civium m se verteret , ’"" 7’"" /’^ "t Imœnitate et%ilkàum Ignificentia quasi pnncipem -fJ’-^’^'f’^J^dttiJ’^ accusent Sénéque d’entasser sans cesse des trésors ^"- ,^f ^^^ ,J/;^%",Xe d’un particulier, d’attirer à soi la faveur publique, et de ^^"’"^/^ J^^"^^^ sorte, surpasser le Prince par la beauté de ses jardins et la magTuixcence de villas. » (Tacite, Annales, livre XIV, chapitre LU.) q. Rapprochez des maximes 11, 46 et D04.