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NOTICE BIOGRAPHIQUE

ce n’est pas lui qui est en vue, c’est Beaufort, c’est d’Elbeuf, c’est Bouillon, c’est Retz ; c’est aussi la sœur de Condé, qui siège à l’Hôtel de Ville et même y accouche. Marcillac, en ces circonstances, n’a ni la supériorité du rang, ni celle du rôle, ni celle de l’habileté et de l’expérience : une chose lui reste en propre, sa bravoure[1], qui se prodigue dans les combats livrés autour de la ville. Atteint d’une grave blessure dans un de ces engagements[2], il ne prend point part à la fin de la lutte, que l’arrivée des auxiliaires espagnols donnait les moyens de prolonger, mais qui se termina néanmoins par la lassitude du Parlement et du peuple[3].

II

Une mousquetade « à bout touchant[4] », c’est tout ce que l’ambitieux Marcillac retirait de la première Fronde. La déconvenue dut lui paraître d’autant plus dure que presque tous les autres fauteurs du mouvement avaient soigneusement stipulé leurs avantages dans le traité de Rueil ; mais on ne tarda pas à connaître que cette paix boiteuse et mal assise n’était autre chose qu’une trêve armée. Condé, le sauveur de la cour

  1. « Il n’a jamais été guerrier, » dit Retz dans ses Mémoires (tome II, p. 181a), « quoiqu’il fût, ajoute-t-il, très-soldat. » Il « avoit plus de cœur, dit-il ailleurs (p. 262), que d’expérience. »

    aVoyez la note 2 de cette page 181.

  2. Mémoires, p. 124-129. Voyez aussi ceux de Gourville, p. 223 et 224, et de Montglat, tome II, p. 169. — Le Courrier burlesque de la guerre de Paris (1650) donne à la blessure (à la date du 20 février) ce plat souvenir, à rime grotesque :

    Monsieur de la Rochefoucauld
    Et Monsieur de Duras le jeune.
    Blessés par mauvaise fortune.

    (C. Moreau, Choix de Mazarinades, tome II, p. 128.)

  3. Voyez ci-après, à l’appendice v, 3° (p. cv), la lettre écrite par le prince de Marcillac aux maire et échevins de Poitiers, à la veille de la conclusion de la paix de Rueil.
  4. Mémoires, p. 126. — « Un fort grand coup de pistolet dans la gorge, » dit inexactement Retz, tome II, p. 263.