Page:La Rochefoucauld - Œuvres, Hachette, t1, 1868.djvu/505

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DISCOURS SUR LES MAXIMES. 369 humaine; et au lieu de se fâcher’ contre le miroir qui nous fait voir nos défauts, au lieu de savoir mauvais gré à ceux qui nous les dé- couvrent, ne vaudroit-il pas mieux nous servir des lumières qu’ils nous donnent pour connoître l’amour-propre et l’orgueil", et pour nous garantir des surprises continuelles qu’ils font à notre raison ? Peut-on jamais donner assez, d’aversion’ pour ces deux vices, qui furent les causes funestes de la révolte de notre premier père, ni trop décrier ces sources malheureuses de toutes nos misères^? Que les autres prennent donc comme ils voudront les Réflexions morales : pour moi, je les considère comme peinture’* ingénieuse de toutes les singeries du faux sage. Il me semble que, dans chaque trait, i’amour de la vérité lui ôte le masque et le montre tel au il est. Je les regarde ^ comme des leçons d’un maître qui entend jiarfaite- nient l’art de connoître les honmies, qui démêle admirablement bien tous les rôles * qu’ils jouent dans le monde, et qui, non-seulement nous fait prendre garde aux différents caractères des personnages du de i665, et sans changer ni la coupe des vers ni la vieille orthographe. L’au- teur du Discours citait sans doute de mémoire : au moins n’avons -nous trouvé dans aucune édition, soit ancienne, soit moderne, les variantes qu’il a intro- duites dans ce ])assage; partout ces vers sont donnés de la manière suivante^ sans autres différences que celles que le temps a amenées dans l’orthographe : Uomo sonOy e mi pregio D’esser^ u/nano; e teco, che sci uomo O che piii tosto esser dovresti, parla Di cosu untaiia; e se di cotai nome Forse ti sdegni, guarda Cite nel disumanurti Non divenghi una Jera^ anzi che un dio. a. Je suis homme, je suis fier de l’être, et je parle d’une chose humaine à toi qui es homme aussi, ou qu plutôt devrais l’être. Que si tu dédaignes un tel titre, prends garde, en reniant Thunianite, de devenir une hiute, au lieu d’un dieu. » — L’édition de 16^3 supprime l.i citation de Guarini, et la rem- place ainsi par la traduc tion libre, ou plutôt par l’appropriation au sujet, du vers de Térence : a Souvenez-vous, s’il vous plaît, du mot de Térence : Je suis Iiomnie, et je ne prétends pas être exempt des défauts qui sont attachés à la nature liumaine. » . « Voila, Monsieur, comme il faut parler; et au lieu de se fâcher.... » [Édition de ïGgS.) . « .... pour connoître notre amour-propre et notre orgueil. » [Ibidem.) . « assez, d’horreur. » [Ibidem.) . ■< Peut-on trop décrier ces sources malheureuses de toutes les misères du genre humain? » [Ibidem.) . « .... comme K«e ])einture. » [Ibidem.) . Allusion a la planche gravée qui se trouve en tête des quatre premières éditions : voyez, plus loin, la note (5 de la page 3.So. . « Je regarde enfin ces maximes. » [Edition de 1693.) . a Uias les personnages, » [Ibidem.) La Rochefoucauld. 1 24