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Page:La Rochefoucauld - Œuvres, Hachette, t1, 1868.djvu/516

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38o APPENDICE. mal même ; mais aussi on peut dire qu’entre les mains de personnes libertines ’ ou qui auroicnt de la pente aux o|)iniGns nouvelles*, que* cet érrit les pourroit confirmer dans leur erreur, et leur faire croire qu’il n’y a point du tout de vertu, et que c’est folie de prétendre de devenir vertueux, et jeter ainsi le monde dans l’indifférence et dans l’oisiveté, qui est la mère de tous les vices. J’en parlai hier à un homme de mes amis, qui me dit qu’il avoit vu cet écrit, et qu’à son avis, il découvroit les parties honteuses de la vie civile et de la société humaine, sur lesquelles il falloit tirer le rideau : ce que je fais, de peur que cela fasse mal aux yeux délicats, comme les vôtres, qui ne sauroient rien souffrir d’impur et de déshonnête. VIII JUGEMENT DES MylXIMES DE M. DE LA EOCnEFOUCAVLD [1664]. J’appellerois volontiers l’auteur de ces Maximes un orateur élo- quent et un philosophe plus critique que savant; aussi n’a-t-il* autre principe de ses sentiments que la fécondité de son imagination. Il affecte dans ses divisions et dans ses définitions, subtilement, mais sans fondement inventées, de passer pour un Sénèque®, ne prenant pas garde néanmoins que celui-ci, dans sa morale, tout païen qu’il

. On sait que, dans la langue du dix-septième siècle, le mot libertin signi- 

fiait à peu près ce qu’on entend aujourd’hui par libre penseur. . « Probablement, fait remarquer V. Cousin, l’opinion des sceptiques et des épicuriens, de Lamothe le Yayer, Gassendi, lîeinier, etc. » — Voyez plus loin, p. 384. . Cette conjonction inutilement répétée est bien dans le texte. . Extrait du tome II des Portefeuilles de VuUant, folio 16G. — Ce mor- ceau n’est pas signé; notre titre est celui que Valtant lui donne. V. Cousin n’en a pris que des fragments [Madame de Sable, p. l54)- . La pièce originale donne n’a-il (voyez la note 2 de la page suivante). . La Rochefoucauld ajjectait^ au contraire, de réfuter Sénèque, et même de lui arracher le masque. On voit en tête de ses quatre premières éditions une planche, gravée par Etienne Picart, où V Amour de la l’erité (la Roche- foucauld), sous la figure d’un enfant au regard et au sourire malicieux, arrache à un buste de Sénèque son masque, sa couronne de laurier, et dit, en le mon- trant du doigt : Quid vetat.^ c’est-à-dire en français : Pourquoi pas. Le sujet et la devise remettent en mémoire ces deux passages d’Horace : .... Dicere ver uni Quid vetat.^ (Livre I, satire i, vers 24 et aS.) .... Illi detrahere ausim Hserentem capiti coronam. (Livre I, satirex, vers 4Set49.) « Pourquoi ne pas dire le vrai ? — J’oserai ai-racher la couronne qui lui ceint le front. » — Rapprochez de la maxime 589 ; voyez aussi p. 869 et note 6.