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Page:La Rochefoucauld - Œuvres, Hachette, t1, 1868.djvu/525

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JUGEMENTS DES CONTEMPORAINS. 389 car la mesure de ma douleur seroit toujours la mesure de mon re- gret, et j’ai grand’peine à comprendre que je puisse séparer ces deux choses, parce que ce qui auroit mérité’ mon attachement mériteroit également et mon regret, et mes larmes, et ma douleur. La maxime sur l’humilité ^ me paroît encore parfaitement belle, mais j’ai été bien surprise de trouver là riiuinilité. Je vous avoue que je l’y attendois si peu^, qu’encore qu’elle soit si fort de ma connois- sance depuis longtemps, j’ai eu toutes les peines du monde à la reconnoître au milieu de tout ce qui la précède et (jui la suit. C’est assurément pour faire pratiquer cette vertu aux personnes de notre sexe que vous faites des maximes où leur amour-propre est si peu flatté. J’en serois bien humiliée en mon particulier, si je ne me disois à moi-même ce que je vous ai déjà dit dans ce billet, que vous jugez encore mieux du cœur des hommes que de celui des dames, et que peut-être vous ne savez pas vous-même le véritable motif qui vous les fait moins estimer. Si vous en aviez toujours rencontré dont le tempérament eût été soumis à la vertu, et les sens moins forts que la raison *, vous penseriez mieux que vous ne faites d’un certain nombre qui se distingue toujours de la multitude, et il me semble que Mme de la Fayette et moi méritons ^ bien que vous a^ez un peu meilleure opinion du sexe en général. Vous ne ferez que nous rendre ce que nous faisons en votre faveur, puisque, malgré les défauts d’un million d’hommes, nous rendons justice à votre mérite particulier, et que vous seul nous faites croire ^ tout ce qu’on peut dire d’avan- tageux ^ pour votre sexe ^. . << parce que qui aurnit mérité » [Edition de Duplessis.) . Maxime 358. . « .... que je /«’y attendois si peu. » [Edition de Duplessis.) . V. Cousin [Madame de Sable, p. i(jS) fait observer que l’Abbesse pa- raît ici poursuivre les hostilités de sa mère (Mme de Montbazon) contre la duchesse de Longueville. . Dans le texte de Duplessis : méritions. f). « — vous seul vous nous faites croire. » [Editions de Brotier et de Du- plessis.’) . Dans le texte de Brotier, de Duplessis et de V. Cousin : « .... tout ce qu’on peut dire de plus avantageux. » . On trouvera dans les Lettres (année 1674) la réj)onse de la Roc-licfou- cauld à Mme de Rohan.