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Page:La Rochefoucauld - Œuvres, Hachette, t1, 1868.djvu/60

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NOTICE BIOGRAPHIQUE

Le règne de Mazarin semblait donc à jamais fini, quand les Princes rentrèrent à Paris, le 16 février 1651, au milieu des acclamations de ce même peuple, qui, un an auparavant, avait fêté par des feux de joie leur arrestation. Si Condé avait été alors un habile politique, il eût profité du premier moment de surprise pour enlever toute autorité à la Régente, incapable de gouverner par elle-même. Mais, en ce cas, la direction des affaires revenait de droit a au duc d’Orléans, qui étoit entre les mains des Frondeurs, dont Monsieur le Prince, dit la Rochefoucauld, ne vouloit pas dépendre[1]. » Condé préféra donc laisser à la Reine son titre et ses pouvoirs, croyant qu’il lui suffirait de maintenir son alliance avec Monsieur et les Frondeurs pour forcer la cour à compter avec lui. Certes, si cette union des Princes et de la Fronde eût duré, la cour aurait couru grand risque de ne jamais reprendre barres sur ses adversaires ; mais, tandis que Mazarin, de sa retraite de Brühl, près de Cologne, continue de gouverner par messages la Reine et l’État, Condé trouve moyen de se fâcher avec tout le monde, et de rejeter les Frondeurs du côté de la Régente, en rompant, sans aucun égard, le mariage de Conty et de Mlle de Chevreuse[2], base principale du traité d’union. En vain, le duc de la Rochefoucauld, pour qui la faction et les factieux commençaient sans doute à perdre de leur attrait, s’ingénie, essaye de nouvelles combinaisons pour restaurer tant bien que mal les affaires de Condé auprès de la cour et du Cardinal : il acquiert la triste certitude qu’il s’est engagé, à la suite des Princes, dans une impasse véritable, d’où le point d’honneur lui défend de sortir à reculons. D’ailleurs cet arrangement, ce replâtrage, qu’il cherchait, Mme de Longueville n’en voulait point. La paix, c’était, pour elle, le retour en Normandie, près de ce mari dont elle avait peur, qui la rappelait avec des instances pleines de menaces. La guerre seule pouvait la sauver[3] : elle résolut que de nouveau la guerre éclaterait.

  1. Mémoires, p. 240.
  2. Voyez les Mémoires de Retz, tome III, p. 296 et 297, et ceux de Mme de Motteville, tome III, p. 330 et 331.
  3. Mémoires de Mme de Motteville, tome III, p. 391 et 445. Comparez ceux de Montglat, tome II, p. 304.