air nouveau ; le séjour de la capitale lui donna l’envie et l’espérance de la paix, et il se laissa « entraîner… dans cet abîme de négociations dont on n’a jamais vu le fond[1], » et qui était le moyen habituel de Mazarin pour perdre ses ennemis. On voulut adjoindre la Rochefoucauld aux ambassadeurs chargés de se rendre à Saint-Germain pour y débattre les intérêts des rebelles ; mais il s’excusa d’y aller en personne et confia cette tâche à Gourville. L’article 15 de l’arrangement proposé stipulait pour lui, outre le fameux brevet l’assimilant aux Rohan, une indemnité pécuniaire de cent vingt mille écus pour acheter le gouvernement de Saintonge et d’Angoumois ou tel autre à son choix[2]. Du bien public, pas un mot dans le traité : c’était à quoi songeaient le moins le duc et tous ceux qui faisaient leur paix. Cent vingt mille écus, ce n’était pas du reste trop pour lui, si l’on songe à tout ce qu’il avait perdu dans la guerre, à ses terres ravagées, à ses châteaux détruits, et aux sacrifices de toute nature qu’il avait dû s’imposer. Mais Retz, qui ne voulait point d’une paix où il n’entrait pas comme arbitre, sut si bien brouiller les cartes que la Rochefoucauld, fatigué de ces allées et venues et de ces vains pourparlers, donna ordre à Gourville d’y mettre un terme et de s’en tenir là[3].
Une femme (dans la Fronde les rôles les plus habiles ou les plus hardis semblent appartenir à des femmes) essaya d’éteindre cette guerre qu’une femme avait allumée : ce fut Mme de Châtillon, qui ne pardonnait pas à la duchesse de Longueville de lui avoir ravi, au passage, les tendres atten-
- ↑ Mémoires, p. 378. Comparez les Mémoires de Retz, tome IV, p. 35 et 114.
- ↑ Voyez les Mémoires de Mademoiselle, tome II, p. 85 ; ceux de Retz, tomes III, p. 381 et 382, IV, p. 235 et 236, et, dans les Œuvres de ce dernier (tome V, p. 408, 409 et 413), le pamphlet, par lui attribué à Joli, les Intrigues de la Paix, ainsi qu’un passage encore (p. 430) d’un autre pamphlet, la Vérité toute nue, publié par C. Moreau dans le tome II de son Choix de Mazarinades (p. 406-438). — Monsieur le Prince demandait pour la Rochefoucauld, dit Conrart (Mémoires, p. 71), « une grande charge ou un gouvernement »…, celui a d’Angoumois et de Saintonge, » ajoute-t-il (p. 76) ; mais Mazarin « rejeta fort » cette demande.
- ↑ Mémoires, p. 388, 389 et note 3.