Aller au contenu

Page:La Rochefoucauld - Œuvres, Hachette, t2, 1874.djvu/118

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

avantages qu’il leur avait procurés, et le Roi, qui le haïssait, n’osait cesser de suivre ses volontés. Il consentit que ce ministre disposât par son testament des principales charges et des plus importantes places du Royaume, et qu’il établît le cardinal Mazarin, chef du conseil et premier ministre[1].

Cependant la santé du Roi diminuait tous les jours ; on prévoyait de grandes persécutions contre les parents et les créatures du cardinal de Richelieu, soit que la Reine eût seule la régence[2], ou que Monsieur la partageât avec elle. Le cardinal Mazarin, M. de Chavigny et M. des Noyers avaient alors toute la part aux affaires, et se trouvaient, par cette raison, exposés dans un changement. M. des Noyers avait pensé le premier à se garan-

    mort du Cardinal, dit la Châtre (p. 176), toute la France s’attendoit à voir un changement entier dans les affaires ; car, comme ce ministre ne subsistoit auprès du Roi que par la teneur, on crut que cette raison étant finie avec lui, la haine de Sa Majesté éclateroit sur tout ce qui resteroit de sa famille et de sa cabale. Mais ces espérances ne durèrent pas longtemps, et on vit avec étonnement ses dernières volontés suivies. »

  1. On sait quels furent les commencements de Mazarin. Né le 14 juillet 1602, à Piscina, dans les Abruzzes, il se fit recevoir docteur en droit, et fut d’abord, par occasion (1624), capitaine d’infanterie, puis secrétaire de légation du saint-siége. Attaché ensuite à Sacchetti, nonce à Milan, il entre définitivement, à l’âge de vingt-six ans, dans la carrière diplomatique. En 1629, il est attaché à cette même légation pontificale dans la haute Italie ; il se voit alors à même de donner, dans les plus sérieuses négociations, des preuves de son habileté et de sa prudence. Le 29 janvier 1630 a lieu sa première entrevue avec Richelieu, dont il gagne l’esprit et qui devine son mérite. En 1632, il est vice-légat à Avignon ; en 1634, nonce extraordinaire en France ; en 1636, il quitte le service du Pape pour se donner à Richelieu. Naturalisé Français (avril 1639), il est envoyé à Chambéry comme ambassadeur extraordinaire, et, deux ans après, il reçoit le chapeau de cardinal ; il avait alors trente-neuf ans. Voyez la Jeunesse de Mazarin de V. Cousin.
  2. Dans notre manuscrit D, par erreur sans doute : « eût la seule régence ».