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Page:La Rochefoucauld - Œuvres, Hachette, t2, 1874.djvu/119

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tir, et il avait donné des espérances à la Reine de disposer le Roi, par le moyen de son confesseur[1], à l’établir régente. Le cardinal Mazarin et M. de Chavigny, qui avaient pris d’autres mesures pour plaire au Roi, et dans la vue qu’il pourrait guérir, lui avaient proposé de donner une déclaration qui établît un conseil nécessaire à la Reine pour borner l’autorité de sa régence et exclure[2] des affaires toutes les personnes suspectes. Bien que cette proposition parût contraire aux intérêts de la Reine, et qu’elle fût faite sans sa participation, néanmoins le Roi ne pouvait y consentir : il ne pouvait se résoudre à la déclarer régente, et moins encore à partager l’autorité entre elle et Monsieur. Il l’avait toujours soupçonnée d’avoir une liaison[3] avec les Espagnols[4], et il ne doutait pas qu’elle ne fût encore fomentée par Mme de Chevreuse, qui était passée alors d’Angleterre à Bruxelles[5]. D’un

  1. Jacques Sirmond, savant jésuite, qui mourut en 1651, âgé de quatre-vingt-douze ans. Le P. Rapin dit dans ses Mémoires (tome I, p. 230) que son « autorité étoit d’un poids considérable dans l’Eglise. » Il avait été nommé confesseur du Roi en 1637. Colomiès, qui a écrit sa vie, imprimée dans la Bibliothècjue choisie (1731), rapporte (p. 313) que « le Roi étant tombé malade, M. de Noyers et Monsieur de Beauvais, voyant que son mal augmentoit, portèrent le P. Sirmond à proposer à Sa Majesté la corégence pour Monsieur, son frère, avec la Reine ; mais cette proposition déplut si fort au Roi, qu’après l’avoir aigrement rebutée, et en avoir même dit quelque cbose à la Reine, il ne voulut plus entendre son confesseur, et l’ayant fait renvoyer sous un autre prétexte, prit en sa place le P. Dinet (le 20 mars i643). » Voyez ci-après, p. 53 et 54.
  2. Et pour exclure. (1817, 26, 38.)
  3. Une liaison secrète. (Ibidem.)
  4. Voyez plus haut, p. 27 et 28.
  5. Au commencement de 1638, la duchesse s’était rendue d’Espagne en Angleterre ; en mai 164O, elle était passée dans les Pays-Bas et s’était établie à Bruxelles. Voyez, sur les intrigues qu’elle ne cessa d’entretenir de loin, V. Cousin, Madame de Chevreuse, chapitre iv.