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Page:La Rochefoucauld - Le Premier Texte de La Rochefoucauld, éd. Marescot, 1869.djvu/16

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cette œuvre parfois éminemment morale que La Rochefoucauld a portée en 1678, dans sa cinquième édition, au dernier et en même temps au plus brillant degré de la perfection.

Le cardinal de Retz, traçant dans ses Mémoires le portrait du duc de La Rochefoucauld, a écrit sur l’auteur des Maximes cette phrase : « Il a toujours eu une irrésolution habituelle, mais je ne sais même à quoi attribuer cette irrésolution[1]. » La publication de la première édition (1665) des Réflexions ou Sentences et Maximes morales nous montre bien frappante cette indécision innée dont parle de Retz.

Cinq éditions de son livre parurent durant la vie de l’auteur, se suivant à de courts intervalles[2], cinq années au plus ; mais la première de toutes avant d’être livrée au public passa par diverses phases intéressantes à rapporter.

Pour bien s’en rendre compte il nous faut dire en peu de mots ce qu’était au xviie siècle la société, quels étaient ses goûts et ses aptitudes bien dégénérées de nos jours. Les salons et les ruelles d’alors fourmillaient de beaux esprits, d’experts en l’art de penser et d’écrire, de nobles dames de haut goût[3] ;

  1. Mémoires du cardinal de Retz, tome I, page 218, de l’édition d’Amsterdam. Chez Frédéric Bernard, 1731.
  2. 1665, 1666, 1671, 1675, 1678.
  3. « En fait de langue, il n’est femmelette du Siècle de Louis XIV qui n’en remontrât aux Rousseau et aux Buffon. » (P. L. Courier.)