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Page:La Roncière - Nègres et négriers, 1933.djvu/114

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prêtre, ni médecin, ni chirurgien, ni apothicaire, ni instituteur, sa fierté s’offusquait de cet ostracisme. Il en résulta une aigreur qui devait un jour s’épandre avec violence. S’il dédaignait la culture comme un symbole d’esclavage, il s’indignait de ne pouvoir être que perruquier, sellier, cordonnier, tailleur, pacotilleur, cabaretier ou boucher.

Tous les avantages donnés par la nature au mulâtre, sont prodigués à la mulâtresse. Avec un enthousiasme délirant, Moreau de Saint-Méry, Ducoeurjoly et le baron de Wimpffen célèbrent la beauté de ces prêtresses de Vénus, auprès desquelles les Laïs et les Phrynés auraient vu s’évanouir leur célébrité. « L’Arétin ne serait auprès d’elles qu’un écolier ignare et pudibond. Elles joignent à l’inflammabilité du salpêtre une pétulance de désirs qui, au mépris de toute considération, leur fait dévorer le plaisir, comme la flamme d’incendie dévore son aliment . » Leur démarche lente est accompagnée de mouvements de hanches et de balancements du corps qui ont quelque chose de lascif. Le parti qu’elles tirent d’un chiffon, fait le désespoir des Européennes qui veulent les imiter. Il est vrai que ce chiffon est souvent ce que l’Inde produit de plus beau et de plus précieux en mousseline. Depuis le simple déshabillé jusqu’à la robe légère que portent les blanches, jusqu’au parasol bordé de crépines d’or et d’argent, tout le luxe entre dans la toilette des mulâtresses. Si leur salon est sobrement meublé d’une glace, d’une table, de chaises de paille et d’un beau cabaret avec des porcelaines, leur chambre à coucher est mieux garnie : un lit