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Page:La Roncière - Nègres et négriers, 1933.djvu/191

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partance à la Havane. À la seule côte de Sierra-Leone, vingt-sept bâtiments furent confisqués.

Mais les foyers de traite ne cessent d’être alimentés. Dès qu’un roi nègre manque de ces boissons spiritueuses que les Européens apportent, dès qu’il a besoin de tabac ou d’étoffes pour ses femmes et ses guerriers, il opère une razzia. — « Toi qui es marin, disait un de ces roitelets à Bouët-Willaumetz qui le lui reprochait, tu dois savoir que les plus gros poissons mangent les petits. Eh bien ! ce que le Grand Fétiche a voulu sous l’eau, il l’a voulu sur terre. » Et les négriers de battre des mains.

Cependant la France s’est associée officiellement à l’Angleterre pour donner la chasse aux marchands de chair humaine. Par la convention du 29 mai 1845 qui remet en vigueur notre principe séculaire : « le pavillon couvre la marchandise », elle se réserve la police de nos couleurs et n’adjoint pas moins de vingt-cinq avisos à la croisière des Anglais et des Américains du Nord.

Un vieux routier des mers d’Afrique, ancien gouverneur du Sénégal, Bouët-Willaumetz, a déterminé les endroits où la pieuvre fixe ses ventouses pour happer la chair humaine : l’archipel des Bissagos, qu’avoisine une côte marécageuse, zébrée de canaux ; la rivière Shebar, au courant de foudre barré de brisants ; et tout près d’elle, sur la côte des Graines, la rivière de Gallinas.