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Page:La Roncière - Nègres et négriers, 1933.djvu/194

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LES AVENTURES DU CAPITAINE NÉGRIER
THÉODORE CANOT

Et maintenant, voici un des clients de Cha-cha.

Du pont au cacatois du San Pablo, du clinfoc au tapecul, toutes les petites voiles sont roulées et entassées sur le pont. Rien de suspect à l’horizon. Tout à coup, paraît un croiseur ; et le grondement du canon avertit qu’il commence la poursuite. Le capitaine du négrier est malade dans sa cabine. Du doigt, il désigne à son second, Théodore Canot, un tiroir, où trois pavillons sont soigneusement enroulés, aux couleurs espagnoles, danoises et portugaises. À chacun d’eux est jointe une série de papiers qui peuvent s’appliquer au San Pablo. Canot opte pour la nationalité espagnole : « Allez, lui dit le capitaine, un Nantais ; et ne vous rendez jamais. »

— Mettez en panne, hurle le commandant du croiseur, ou je tire à boulet.

No entiendo, répond Canot, qui a raidi ses écoutes.

Et au moment où le brick de guerre, à toute vitesse, le dépasse pour lui couper la route, le San Pablo redresse son gouvernail, frappe le croiseur près de l’avant, lui arrache son mât de misaine et son beaupré, puis, toutes bonnettes dehors, file à pleine toile, « laissant ce gros bêta méditer sur sa sotte mansuétude ».