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Page:La Roncière - Nègres et négriers, 1933.djvu/198

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africaines, invariablement soutenues par un tam-tam improvisé sur le fond d’une bassine ou d’une bouilloire d’étain ».

C’est le moment où la subrécargue parfume l’entrepont en y brûlant de la poudre humide ou du genièvre, seul moyen de désinfecter une sentine empuantie où s’entassent des centaines de captifs. Des toiles à voiles aux ailes exposées au vent acheminent vers eux les brises marines, que capteront mieux les manches à air en fer blanc, inventées par le Danois Kratzenstein.

Canot a pour équipage un gibier de potence, vingt et un chenapans, Espagnols, Français, Portugais, métis, prêts à tous les coups de main. Un négrier dort, bien masqué, dans un coude du rio Nunez, en 1829. La nuit, des hourrah éclatent ; des coups de pistolet claquent ; des vampires bondissent sur le pont ; c’est l’équipage de Canot qui se procure ainsi, sans bourse délier, une cargaison.

« Tout en rampant dans l’entrepont, écrivait Canot, je me demandais comment ma petite armée de cent huit garçons et filles pourrait être embarquée dans une cale qui ne mesurait pas plus de vingt-deux pouces de hauteur. Il me fut impossible de les installer tous dans la position assise ; nous les forçâmes donc à s’étendre, les genoux des uns enclavés dans les jarrets des autres comme sardines en boîte. Si étrange que cela paraisse, lorsque l’Aerostatico atteignit la Havane, trois seulement de ces passagers étaient morts. »

Mais qu’à bord éclate une épidémie et que la tempête empêche d’enlever les caillebotis et de