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Page:La Roncière - Nègres et négriers, 1933.djvu/27

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il les assimilait aux bestiaux, au lieu que les pigeons des colombiers et les poissons des étangs étaient réputés immeubles.

« LIBERTALIA », LA VILLE LIBRE D’UN FORBAN

Dans une autre colonie, que nous venions d’abandonner, fut instauré tout autre chose que le Code Noir, une Constitution basée sur l’égalité et la fusion des races blanche et noire.

Dans les dernières années du dix-septième siècle, un forban français qui avait épousé la sœur de la reine d’Anjouan, fonda à Madagascar une ville éphémère, Libertalia, où toutes les races ne formaient qu’un peuple, les Liberi. « Le Grand Capitaine », comme Misson était appelé par les Malgaches, « Sa Haute Excellence le Conservateur », comme il s’intitulait lui-même dans la Constitution donnée aux Liberi, groupait sous son commandement des flibustiers français et anglais, des prisonniers portugais et hollandais qui avaient consenti de leur plein gré à être sujets de la petite République, des jeunes femmes des Comores qui avaient suivi leurs époux, une centaine de jeunes musulmanes que les forbans avaient enlevées sur un navire chargé de pèlerins de la Mecque, et enfin deux cent quarante nègres et négresses de l’Angola que Misson avait libérés en capturant un négrier anglais : — « Je ne fais point la guerre aux opprimés, mais aux oppresseurs », disait ce forban chevaleresque.

Traités en hommes libres, les nègres étaient répartis en escouades de quatre travailleurs, auxquels