Page:La Roncière - Nègres et négriers, 1933.djvu/49

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sièges en bois plaqués d’or, des pièces d’argenterie massives… quand soudain retentit l’énorme tambour de la mort, dont le son lugubre donnait le frisson. Les bourreaux venaient d’apparaître avec des billots teints de sang, et le tambour, décoré de mâchoires et de crânes humains, annonçait une exécution capitale. Des dizaines de victimes allaient accompagner dans la tombe le frère du roi, qui venait de mourir.

En tant que nana ou grand-prêtre, le roi des Achantis officiait lui-même. Il immola de sa main, en 1873, en présence de missionnaires allemands captifs, plusieurs princes de sa famille : holocaustes de kra ou « d’âmes », qui s’adressaient autant aux mânes des morts qu’aux esprits des eaux. Poudrées d’une terre rouge dont faisaient commerce les nègres de la Haute-Volta, les femmes rehaussaient de leur présence la cérémonie funèbre ; leur tête, enduite d’un ciment d’huile et de terre rouge, ne formait qu’une énorme boule.

LA DANSE DU FÉTICHE DU GRAND POPO

Au Grand Popo, les Danois avaient un comptoir fort achalandé. Un négociant nègre fort entendu, qui parlait l’anglais, le portugais et le danois, hébergeait les étrangers et les traitait à l’européenne vers la fin du dix-huitième siècle. Le peuple y était couvert d’amulettes, jusqu’à en faire porter aux chiens et aux brebis, pour les garantir des maladies. Les cases étaient remplies d’idoles en terre glaise peinturlurées de diverses