Page:La Roncière - Nègres et négriers, 1933.djvu/48

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se procurant ainsi comme esclaves les prisonniers de l’un ou de l’autre parti. En 1781, le capitaine Kinsy fut soutenu par un corps considérable de Fantins dans l’attaque des forts hollandais de la côte d’Or ; mais les nègres hollando-accréens montrèrent dans la défense des forteresses un courage magnifique qui obligea les Anglais et leurs alliés à lâcher prise.

Les Achantis étaient de grands et beaux hommes, à la peau très noire, au nez assez mince ; capable de s’adapter à toutes les professions, ils étaient surtout prêts à prendre les armes, dès que retentissait le tambour de guerre. Les femmes, le corps peint d’argile blanche, pourchassaient au besoin les traînards. Leur roi, en 1824, « dévorait le courage des Anglais » en engloutissant le cœur de leur général, Mac Carthy.

Car les Achantis étaient une peuplade sanguinaire, qui avait adopté pour fétiche, dans le grand temple de Ta Kora, le léopard. Bowditch, à Coumassie, fut le témoin d’horribles spectacles. Défigurés par d’énormes bonnets de peau noire et velue, des bourreaux menaient en laisse, par une corde qui leur traversait le nez, de malheureuses victimes, une oreille pendante, un couteau planté dans les joues, deux autres fichés sous les omoplates, le dos zébré d’estafilades. Ils leur abattaient la main droite, avant de leur scier le cou. Une rue de Coumassie n’était « jamais sèche de sang », ainsi la nommait-on.

Aux yeux émerveillés du missionnaire wesleyen Freeman, un cortège royal s’y était engagé, en 1839, avec de magnifiques parasols en velours de soie surmontés d’oiseaux d’or, avec de riches