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Page:La Roncière - Nègres et négriers, 1933.djvu/57

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Oui, il avait d’autres coutumes, le souverain du Dahomey, celle de sacrifier des victimes aux mânes de son père, d’hérisser de mâchoires humaines ses murailles, de fouler les têtes des princes ennemis qui pavaient la cour de son palais, et d’arroser de sang son pagne en passant sous les potences du marché d’Abomey, où pendaient, la tête en bas et le membre viril coupé, de malheureux nègres.

Dans la tombe elle-même, où reposait le roi défunt, dans « le tombeau de Neptune », s’entassaient sur le lit d’apparat tout ce qui pouvait lui servir dans une autre vie, corail, eau-de-vie, pipes, tabac, chapeau à point d’Espagne, cannes à pomme d’or et, comme serviteurs, les fossoyeurs dont on avait coupé la tête et deux douzaines de ses femmes dont on avait cassé les jambes. Les autres s’étaient entre-tuées.

Lorsque le général Archinard s’empara de Béhanzin, il y avait peu de temps que, suivant les coutumes ancestrales, le dernier roi du Dahomey avait immolé aux mânes de Gléglé, son père, des centaines d’hommes. Et il lui sacrifia sa propre mère, en messagère chargée de porter au défunt la nouvelle de son départ en exil. Dans le palais d’Abomey aux curieux bas-reliefs, le dernier des trônes royaux au siège incurvé resta vide.

LES BOURREAUX MASQUÉS DU BÉNIN

Lors de la découverte du Bénin en 1486, les Portugais demeurèrent épouvantés des sacrifices sanglants qui accompagnaient la mort d’un chef.