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une épée pendait à son côté ; quant à la tête, elle était recouverte d’un grand bonnet de fourrure, parce que l’étranger avait les yeux fort chassieux ; la figure entière était barbue[1].

« Maintenant tu as meilleur aspect », dit le roi. « Toi, reine, présente-lui un bon manteau et sois polie à son égard ».

La reine dit : « À toi de commander, seigneur ; mais il ne me tient guère à cœur, ce thjóf[2] ».

Là-dessus on endossa au nouveau venu un bon manteau, et il prit place sur le haut-siège à côté du roi[3].

    (Cf. got. faihu, ags. feoh, lat. pecunia). Plus tard on se servit de métaux précieux, soit en lingots, soit sous la forme d’objets quelconques (bagues, bracelets, agrafes etc.) qu’il fallait couper en morceaux et peser. Le premier argent monnayé frappé dans les pays scandinaves date du commencement du xie siècle ; mais avant cette époque, il y eut des monnaies étrangères venues d’Allemagne, d’Angleterre, de Rome et de Byzance, et que l’on évaluait uniquement suivant leur poids. Ces pièces importées prévalurent même, longtemps après, sur la monnaie indigène, à cause du mauvais aloi de cette dernière.

  1. Fridthjof fait semblant de ne pouvoir, par suite d’une faiblesse très prononcée de la vue, supporter la lumière du jour. Ce n’est qu’un prétexte imaginé pour conserver sur la tête et rabattre sur le visage sa grande casquette de fourrure, à seule fin de prolonger son incognito le plus longtemps possible. C’est pour cette raison que la saga peut dire que « la figure entière était barbue ».
  2. Cf. la note 17 de ce chap.
  3. La coutume voulait que l’on présentât des vêtements aux étrangers dés leur arrivée dans une demeure, surtout lorsqu’ils avaient fait un long trajet. Faire asseoir le nouveau venu sur le haut-siège ou lui assigner une place à côté du maître de la maison, c’était de la part de celui-ci une marque d’estime spéciale ou le témoignage d’une considération exceptionnelle.