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s’est permis d’enfreindre un peu trop souvent les lois de la métrique. Il n’en est rien ; car ces irrégularités ne sont qu’apparentes, c’est-à-dire que, visibles sur le papier, elles disparaissent en grande partie dans la récitation. Cette forme, il est vrai, était susceptible de diverses modifications sous le rapport du nombre et de la longueur des vers, du nombre des repos, de la place des mots allitérés etc. Mais l’assonance, la rime finale et cet enchevêtrement que présente la poésie islandaise post-classique étaient alors inconnues ou du moins n’en usait-on que dans de très modestes proportions. Le Fornyrdislag est le mètre de l’ancienne poésie épique, celui de l’Edda et des poésies de la période littéraire primitive. Vingt strophes de notre saga présentent même une structure absolument semblable à celle des chants de l’Edda. La strophe 9 seule a la forme du Runhenda avec rimes finales. Par contre, le Dróttkvätt, le mètre artificiellement compliqué dont se servaient de préférence les scaldes, n’apparaît dans aucune des strophes de la saga.

La nature de la versification apporte ainsi une nouvelle preuve du caractère antique et populaire des chants de Fridthjof ; elle démontre à l’évidence que ces chants datent d’une époque qu’il est impossible de préciser, mais qui, dans tous les cas, est de beaucoup antérieure à celle de la rédaction de la saga.




L’histoire de Fridthjof et d’Ingibjörg a acquis une immense popularité grâce au poème d’Isaïe Tegnér (1782-1846), d’abord professeur et doyen de la faculté de philosophie de Lund, puis évêque de Vexiö, en Suède. La Fridthjofssaga de Tegnér, parue en 1825, a été traduite