Page:La Saga de Fridthjof le Fort, trad. Wagner, 1904.djvu/47

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Syrstrond était le nom de la résidence royale. De l’autre côté du fjord s’élevait une ferme appelée Framnes[1]. Là demeurait un homme du nom de Thorstein[2] ; il était fils de viking[3] ; sa propriété était située exactement vis-à-vis de l’habitation du roi.

Thorstein eut de sa femme un fils qu’il appela Fridthjof. Celui-ci était de tous les hommes le plus grand et le plus fort et montrait dès son jeune âge de belles dispositions pour les exercices corporels[4]. On le nommait Fridthjof

    au point que la plus blanche de toutes les plantes (on veut dire sans doute la camomille) est appelée dans le Nord Baldersbraa (sourcil de Baldr) ? Ailleurs les relations de ce genre ne paraissent pas avoir été interdites, puisqu’on allait parfois jusqu’à intercaler dans le rituel des chants franchement indécents.

  1. On suppose que Framnes (« promontoire ») était situé au Nord du Sognefjord, dans la paroisse actuelle de Vangsnes, sur une étroite presqu’île s’avançant dans la mer, et Syrstrond, sur les bords méridionaux du même golfe.
  2. Le nom du père de Fridthjof est connu dans la littérature des sagas. Il existe, sous le titre de Thorsteins saga Vikingssonar, une histoire remplie de détails légendaires, invraisemblables et absurdes, et par conséquent sans aucune valeur historique ou critique. Elle a été néanmoins imprimée à plusieurs reprises et traduite en danois par Rafn (Nord. Fort. Sagaer II, pp. 309-377, 1829) et même en anglais par R. B. Anderson et Jon Bjarnason dans les Viking Tales of the North (Chicago, 1877). M. Jules Leclercq en a raconté les plus beaux passages en français dans la Revue Britannique (mars 1903, pp. 29-56).
  3. Voyez ch. VII, note 12.
  4. L’expression islandaise íthrótt désigne le développement harmonieux des plus belles qualités de l’esprit et surtout du corps (cf. ᾶετλος). Le jeune homme qui prétendait avoir reçu une éducation complète devait être passé maitre dans l’art de manier les armes, de monter le fougueux coursier, de nager etc. ; il devait être chasseur accompli, habile à jeter les dés et à mener la conversation. On attachait un mérite particulier à la science des runes, à la voca-