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le Fort[1] . Il inspirait tant de sympathie que tout le monde lui souhaitait du bien[2].

    tion poétique, à la connaissance des lois, au talent oratoire. Par-dessus tout on admirait la force et la bravoure, l’endurcissement aux exercices physiques et le mépris de la mort. De cette conception de la valeur individuelle découle, pour une large part, cette soif irrésistible des expéditions téméraires et des aventures périlleuses qui entraînent loin de sa patrie le jeune Normand avide de combats, de gloire et de richesses.

  1. L’épithète enn froekni est, quant à l’étymologie, apparentée à l’all. frech dans le bon sens du mot. Il convient de la traduire ici par fort et non par hardi ou téméraire, comme on a pensé. La force est, en effet, la qualité prédominante chez Fridthjof ; c’est avant tout par sa force et par sa taille qu’il se distingue de ses compagnons dans toutes les circonstances importantes, et s’il fait maintes fois preuve d’une témérité extraordinaire, c’est qu’il a une confiance illimitée en ce double avantage physique, que la saga, d’ailleurs, se plaît à mettre en relief. Cf. Ch. I : « F. était de tous les hommes le plus grand et le plus fort… F. était tellement fort qu’il dirigeait Ellidi au moyen de deux rames… Ch. VI (fin) : F. était d’une telle force (svá var F. Froekinn) qu’il portait huit hommes… Les paroles du roi Hring à la fin du ch. XI contiennent une allusion évidente à la force de Fridthjof. Mohnike et Calaminus ont traduit : Fr. der Starke. Tegnér, dans son poème, emploie l’expression « Fridthjof le Fort » (fin du ch. XVIII), et c’est essentiellement la force corporelle qu’il a en vue quand il dit, en parlant de Fridthjof et d’Ingibjörg (ch. I, 16) :

    « Ty mannens mod är qvinnan kart,
    Det Starka är det Sköna värdt »
    (La femme honore le courage de l’homme,
    La force est digne de la beauté).

    Devant l’abondance des preuves on ne comprend guère comment des auteurs comme J. C. Poestion, qui admet d’ailleurs notre interprétation, s’étonnent que la force de Fridthjof ne se déploie pas d’une manière plus brillante (Voir Fr. Saga, p. 90).

  2. Ce sont les paroles caractéristiques par lesquelles les sagas veulent faire ressortir l’estime et la sympathie générales dont jouissait une personne.