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beli et thorstein. fridthjof et les fils du roi.


Les biens meubles du roi Beli commençaient à diminuer dans une large mesure, car il se faisait vieux. Thorstein était chargé de l’administration du tiers de son royaume, et c’est en lui que le roi possédait son meilleur soutien. Tous les trois ans, Thorstein organisait un somptueux festin[1] en l’honneur du roi et celui-ci, de son côté, offrait un banquet à Thorstein tous les deux ans. Helgi, fils de Beli, devint de bonne heure un zélé sacrificateur[2]. Les deux frères n’avaient guère d’amis.

    tumes ont été observées chez les Arméniens (Tac, Annal. 12, 47), chez les Scythes Herod. 4, 70) et ailleurs.

  1. Les banquets (veizlur) que les anciens Scandinaves de haut rang s’offraient mutuellement se rattachent aux grandes fêtes du paganisme ; ils avaient lieu surtout vers Noël (jólaveizla), pour saluer le retour du soleil. À certaines époques fixes, de préférence lorsque le roi, soit pour trancher des litiges entre ses sujets, soit pour d’autres raisons, visitait les diverses régions de son pays, les jarls et les grands propriétaires étaient tenus d’apprêter en son honneur un repas de cérémonie. C’était pour l’hôte une manière de rendre hommage au souverain et une occasion de déployer devant une nombreuse assemblée de convives ses richesses et le luxe de son intérieur. Plus tard ces banquets, devenus obligatoires, furent transformés en une sorte de dîmes ou tributs (Voir ch. XI, n. 28).
  2. Blótmadr, qui préside au sacrifice (blót). À l’origine le roi possédait à la fois le suprême pouvoir spirituel et temporel ; il était chef d’armée, juge et président des assemblées du peuple et, au surplus, revêtait la haute dignité sacerdotale en vertu de laquelle il transmettait aux divinités les vœux et prières de ses sujets et dirigeait les sacrifices. Les lois de la religion et de l’Etat n’étaient pas distinctes ; les temples étaient en même temps des cours de justice. — Les paroles de la saga renferment au fond un blâme à l’adresse de Helgi, en faisant entendre qu’il négligeait d’une manière répréhensible son rôle et ses devoirs de fils de roi et ne montrait guère de dispositions pour les choses de la vie publique et le noble métier des armes.