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moment nos forces soient assez considérables pour entrer en lutte avec lui et ses hommes.

Hilding, le père nourricier, accompagné de quelques amis de Fridthjof, transmit à celui-ci le message des rois. Voici ce qu’il lui dit : « Écoute, Fridthjof, quelle compensation te réclament les rois : tu feras rentrer des Orkneyjar[1] le tribut qui n’a plus été payé depuis la

  1. Les Orkneyjar ou Orcades, archipel de 67 îles situées au nord de l’Ecosse, sont très souvent mentionnées dans les sagas. Munch (Das heroische Zeilalter u. die Wikingerzüge, Lübeck 1854, p. 190) croit que les Normands ont visité ces îles dès le viiie siècle, lors de leurs premières incursions en Grande-Bretagne. Au temps de Harald aux Beaux Cheveux elles devinrent un fief héréditaire dépendant de la couronne de Norvège et furent abandonnées à des jarls ou gouverneurs (v. ch. VII, n. 1 et 10) contre paîment d’un tribut annuel. Harald avait d’abord mis à la tête des Orkneyjar et des îles Shetland (vers 874) son ami, le puissant Rögnvald Mörajarl, ainsi surnommé parce qu’il gouvernait autrefois le district de Mori (dans les environs de Drontheim). Celui-ci y établit ses fils. Les deux aînés ne purent s’y maintenir contre les vikings. Un troisième, appelé Einar et qui était de naissance illégitime, y consolida la domination norvégienne. Tel est le récit de la Vatnsdälasaga, ch. IX. Selon d’autres sources nordiques, Harald conféra le gouvernement de ces îles au jarl Sigurd, auquel succéda son fils Gutthorm. Celui-ci mourut sans enfants et légua la dignité à un neveu de Sigurd, Einar, fils de Rögnvald. Quoi qu’il en soit de ces récits, Torf-Einar, connu aussi comme scalde, devint le fondateur de la dynastie des jarls des Orkneyjar. Les vikings, au cours de leurs pirateries, trouvèrent maintes fois un refuge dans ces îles ; c’était pour eux un fridland, « pays de paix ». — La Orkneyinga saga, connue aussi sous le nom de Jarla saga, raconte l’histoire de ces jarls jusque dans les premières années du xiiie siècle. J. Jonaeus en a publié une édition savante avec trad. latine en 1780 à Copenhague. Elle a été traduite en anglais par J. Hjaltalin et G. Goudie. Edinburgh 1873. Sur les récits de cette saga repose en majeure partie l’important ouvrage du savant Thormod Torfäus :