Page:La Saga de Fridthjof le Fort, trad. Wagner, 1904.djvu/73

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 67 —

susciter à Fridthjof et à ses hommes une tempête tellement violente qu’ils périssent tous dans la mer. Celles-ci préparèrent un sortilège, montèrent sur leurs tréteaux et procédèrent aux enchantements en prononçant des formules magiques.


    hamhleypa [= qui court sous une autre forme, cf. Hom. δ 366 : Εἰδοθέη (Θέα)] et hamramr madr, êtres humains qui, comme le Protée des Anciens, avaient la faculté de changer de nature et d’apparaitre sous la forme (hamr) de quelque animal. C’étaient deux enchanteresses malicieuses et perfides dont l’apparition marque une certaine décadence de l’idéal moral des Scandinaves. Elles possédaient le don d’ubiquité. Pour les atteindre et ruiner leur pouvoir il suffisait de les frapper dans une de leurs manifestations. À l’instar de la Pythie de Delphes qui s’asseyait sur un trépied pour rendre l’oracle, les magiciennes du Nord montaient sur un tréteau, une tribune, un échafaudage en planches (seidhjallr), afin de dominer plus facilement du regard les objets et les lieux sur lesquels elles prétendaient exercer leurs enchantements et pour donner à leurs opérations mystérieuses un caractère plus imposant et plus solennel. L’influence de ces sorcières, jusqu’à l’introduction du christianisme, était très vaste et très redoutée ; elles déchaînaient des ouragans, suscitaient du brouillard, de la grêle, engendraient des épidémies, ensorcelaient les enfants, provoquaient des invasions d’insectes ou d’animaux incommodes ou nuisibles etc. Le magicien ou sorcier s’appelait seidskratti ou skratti (cf. aha. scrato, mha. schrate, « lutin » ). À ce sujet on lira avec intérêt le discours de H. Gering : Ueber Weissagung und Zauber im nordischen Altertum. Kiel, 1902.