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garde[1]. Le veilleur devait boire dans une corne d’animal[2], et quand il en avait vidé une, on lui en remplissait une autre. Il s’appelait Hallvard, celui qui montait la garde au moment où Fridthjof aborda. Hallvard observa l’arrivée de Fridthjof et des siens, et dit la strophe :

19. « Je vois six hommes
au milieu de la tempête,
qui puisent l’eau dans Ellidi,
et sept qui rament.
Il ressemble à Fridthjof,
intrépide au combat,
celui qui, à la proue,
se courbe sur les rames[3] ».

Et lorsqu’il eut vidé la corne, il la lança dans la salle par la fenêtre et dit à la femme qui lui versait à boire[4] :

  1. L’ancienne rédaction dit drakk víti silt, « il buvait son châtiment », selon l’usage d’après lequel le coupable, dans certaines circonstances, était condamné à s’asseoir sur la paille et à vider la corne du châtiment (vítishorn).
  2. Ces cornes dont on se servait pour boire étaient généralement pourvues d’un support et présentaient parfois des dimensions étonnantes. Elles étaient en or, en verre, en ivoire, en bois ou en véritable corne d’animal, surtout en corne de buffle, et dans ces matières qui portaient souvent des garnitures en métal on se plaisait à graver des figures, des devises, des runes ou d’autres ornements symboliques.
  3. D’après la situation qui a été dépeinte à la fin du chap. précédent.
  4. >Chez tous les peuples de race germanique, les femmes de la maison avaient pour mission de circuler dans la salle des banquets, la corne ou la cruche de bière ou d’hydromel à la main, de remplir les coupes des convives et de les encourager à boire. Voy. p. ex. la reine Waldiwa, femme de Rudigar, dans le Beowulf (ch. III), et