Page:La Saga de Gunnlaug Langue de Serpent, trad. Wagner, 1899.djvu/23

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géographique des lieux où se déroulent les scènes. La classification la plus naturelle est évidemment celle qui repose sur le contenu même ou le caractère essentiel de la saga. Elle distingue les sagas historiques, mythologiques ou héroïques, romantiques, poétiques. C’est à cette dernière catégorie que nous pouvons rattacher la saga de Gunnlaug Langue de Serpent. Celle-ci est, parmi le grand nombre d’œuvres analogues, une des plus courtes, mais aussi une des plus exquises à cause du parfum profondément poétique qui s’en dégage. Nous ne savons guère que les sagas d’Egil et de Frithjof qui puissent, sous ce rapport, soutenir la comparaison avec elle. Les récits sont « colorés avec art, revêtus d’images riantes, entremêlés de détails romanesques » (X. M.). Ce n’est pas à dire pourtant que les divers épisodes soient dépourvus de réalité. Si l’auteur a parfois, dans l’exécution des détails, fait appel à son imagination, s’il s’est plu à broder sur les données véridiques recueillies de la bouche de ses contemporains et si la saga constitue, à ce titre et pour cette raison, une véritable œuvre d’art, les faits qu’elle rapporte, les exploits qu’elle glorifie sont, du moins dans les traits fondamentaux, du domaine de l’histoire. C’est ce qu’il importe de mettre en pleine lumière.

Les lieux où les scènes se passent sont des localités géographiquement déterminées ; il est facile de les retrouver aujourd’hui encore et de suivre pour ainsi dire sur la carte les progrès de l’action. L’époque est connue d’une manière précise et les personnages principaux apparaissent assez fréquemment dans diverses œuvres islandaises, toujours sous les mêmes traits et avec les mêmes tendances et dispositions natives, pour que nous soyons autorisés à ne pas douter de leur authenticité. L’absence complète, dans les documents, de toute contradiction et de toute divergence