Page:La Saga de Gunnlaug Langue de Serpent, trad. Wagner, 1899.djvu/39

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Islande (ch. IV). Gunnlaug, sur le point de mourir, reçoit les suprêmes bénédictions de la main d’un prêtre et est enterré près de l’église (fin du ch. XII). Helga, elle aussi, dort son dernier sommeil à côté de l’église (fin du ch. XIII). De plus, on rencontre assez fréquemment, dans les récits, de ces locutions caractéristiques, de ces particularités de style qui ont bien l’air d’être des réminiscences du latin. Telle est notamment cette façon typique de marquer la transition par des phrases comme celles-ci : « Maintenant il faut parler de… », « maintenant il faut en revenir à… » ; de même les formules qui indiquent la fin d’un épisode : « celui-ci est désormais hors de la saga », « et il n’en sera plus question dans cette histoire, » ou la fin de la saga : « Ainsi finit… », « ici finit… ». Tout ce que nous sommes en droit de conclure de ce qui précède, c’est que l’auteur[1] de la saga de Gunnlaug semble être un ecclésiastique jouissant d’une culture intellectuelle remarquable et possédant à un degré éminent l’art de conter et le talent d’écrire[2].

Un grand nombre de sagas présentent, disséminées dans le texte, une série de strophes scaldiques destinées à renforcer l’impression poétique et à rehausser la valeur esthétique de l’œuvre. La saga de Gunnlaug en renferme vingt-trois. Elles offrent, d’un côté, une accumulation de périphrases étranges et obscures, d’autre part, un enchevêtrement arbitraire de mots et d’idées qui, à première vue, paraît tout simplement grotesque. Ces vísur n’ont pas toujours pour auteur le personnage qui est censé les prononcer ; il

  1. Il va sans dire que par auteur nous entendons ici l’écrivain qui a le premier mis la saga par écrit.
  2. Cf. B. Döring : Bemerkungen über Stil und Typus der isländischen Saga. Progr. des Nicolaigymn, in Leipzig, 1877.