Page:La Saga de Gunnlaug Langue de Serpent, trad. Wagner, 1899.djvu/80

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l’entendiez. » Le roi répondît : « Ce n’est pas le moment de s’asseoir pour écouter des poésies. »

Là-dessus, Gunnlaug et Hrafn s’engagèrent dans un entretien et se firent le récit de leurs voyages. Hrafn raconta que dès l’été il s’était rendu d’Islande en Norvège et au commencement de l’hiver de Norvège en Suède. Ils conçurent de l’amitié l’un pour l’autre. Or, un jour, le thing ayant terminé ses séances, ils se trouvèrent tous deux, Gunnlaug et Hrafn, en présence du roi. Gunnlaug dit : « Je désire que vous écoutiez mon chant, seigneur. » — « Maintenant cela peut se faire, » répondit le roi. « Moi aussi je voudrais dire ma poésie, » interrompit Hrafn, « si cela vous convient, seigneur. » — « Je suis d’accord, » répondit le roi. « Ce sera mon tour d’abord, » reprit Gunnlaug, « si le prince y consent. » — « C’est à moi à parler en premier lieu, » riposta Hrafn, « puisque je suis arrivé à votre cour avant lui. » Gunnlaug répondit : « Où a-t-on jamais vu que mon père ait dû céder le pas au tien ? Où ? Nulle part ! Il en sera de même entre nous deux. » — « Observons la courtoisie, » dit Hrafn ; « ne nous engageons pas dans une dispute à ce sujet et laissons le roi en décider. » Le roi dit : « Gunnlaug aura la parole en premier lieu, puisqu’il éprouve tant de dépit s’il n’obtient pas satisfaction. » Ensuite Gunnlaug récita sa drapa. Quand il eut parlé, le roi Olaf reprit : « Hrafn, » dit-il, « que pensez-vous de cette poésie ? » — « Eh bien, seigneur, » dit-il, « c’est un poème emphatique et vilain comme le caractère même de Gunnlaug. — « Maintenant, à toi, Hrafn, de réciter tes vers, » dit le roi. Hrafn obéit. Quand il eut fini, le roi demanda : « Gunnlaug, » dit-il, « comment trouvez-vous cette poésie ? » Gunnlaug répondit : « Eh bien, seigneur, » dit-il, « c’est un chant beau comme Hrafn lui-même, mais insignifiant ; d’ailleurs, » ajouta--