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la saga de nial

biens d’une valeur égale, et celui qui sera le vainqueur aura l’une et l’autre part. Mais si tu ne veux pas combattre contre moi, alors tu perdras tout droit sur les biens que tu réclames. »

Mörd ne répondit rien : il prit conseil de ses amis au sujet du combat. Jörand le Godi lui dit : « Tu n’as pas besoin de nos conseils dans cette affaire ; tu sais que si tu combats contre Hrut, tu y perdras à la fois la vie et les biens. Sa cause est bonne : il est fort, et c’est le plus brave des hommes. » Alors Mörd parla, et il dit qu’il ne voulait pas combattre contre Hrut. Il s’éleva une grande clameur et beaucoup de murmures sur le tertre de la loi, et Mörd fut couvert de honte en cette affaire.

Les gens quittèrent le ting, et retournèrent chez eux. Les deux frères, Höskuld et Hrut, s’en allèrent à l’Ouest, vers le Reykjardal. Ils vinrent à Lund, où ils furent les hôtes de Thjostolf, fils de Björn Gullberi, qui demeurait là. Il y avait eu beaucoup de pluie tout le jour, les gens avaient été mouillés, et on avait fait de longs feux dans la salle. Thjostolf, le maître de la maison, était assis entre Höskuld et Hrut. Deux petits garçons jouaient à terre (c’étaient des enfants adoptifs de Thjostolf) et une petite fille jouait avec eux. Ils disaient toutes sortes de sottises, car c’étaient des enfants sans raison. L’un d’eux dit : « Je vais être Mörd, et je vais te sommer de te séparer de ta femme, puisque vous ne pouvez pas vivre ensemble. » L’autre répondit : « Moi je serai Hrut, et je te déclare déchu de tes droits sur la dot, puisque tu ne veux pas te battre avec moi. » Ils répétèrent cela plusieurs fois, et il y eut de grands rires parmi les gens de la maison. Alors Höskuld se fâcha, et frappa avec une baguette l’enfant qui faisait Mörd. La baguette l’atteignit au visage et le blessa. « Va-t’en, dit Höskuld, et ne te moque pas de nous. » Mais Hrut dit : « Viens près de moi. » Et l’enfant vint. Hrut tira un anneau d’or de son doigt, le lui donna, et dit : « Va, et maintenant