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la saga de nial

n’insulte plus personne. » L’enfant s’en alla en disant : « Tu es un homme de grand cœur, et je m’en souviendrai toujours. » Cela fit dire beaucoup de bien de Hrut.

Après cela, ils retournèrent chez eux, dans l’Ouest. Et ici finit la querelle entre Hrut et Mörd.

IX

Il faut maintenant parler d’Halgerd, la fille d’Höskuld. Elle avait grandi et c’était la plus belle femme qu’on pût voir. Elle était de haute taille, et à cause de cela, on l’appelait Halgerd au long jupon. Elle avait de beaux cheveux, si longs qu’elle pouvait s’en couvrir tout entière ; mais elle était prodigue et elle avait le cœur dur. Son père nourricier s’appelait Thjostolf. Il était d’une famille des îles du Sud. C’était un homme fort et brave. Il avait tué beaucoup de monde, et n’avait jamais payé d’amende à personne. On disait qu’il n’était pas fait pour changer l’humeur d’Halgerd.

Il y avait un homme nommé Thorvald. Il était fils d’Usvif. Il demeurait au rivage de Medalfell, au pied de la montagne. Il était riche en biens. Il possédait les îles qu’on appelle les îles des ours, et qui sont dans le Breidafjord. Il avait là ses provisions de morue et de farine. Thorvald était fort, accort, d’humeur un peu vive.

Un jour, son père et lui parlaient ensemble et ils se demandaient où Thorvald pourrait bien chercher femme. Mais il ne trouvait point de parti qui fût assez bon pour lui. Alors Usvif dit : « Veux-tu demander Halgerd au long jupon, la fille d’Höskuld ? » — « Je le veux » dit-il. « Vous n’irez guère ensemble, dit Usvif. C’est une femme impérieuse, et toi, tu es d’humeur rude, et tu n’aimes pas à céder. » — « Et pourtant je tenterai l’aventure, dit Thorvald, et il ne sert à rien de vouloir m’en empêcher. » — « C’est toi aussi qui y risques le plus » dit Usvif.

Ils partirent donc pour faire leur demande. Ils arri-