Page:La Saga du scalde Egil Skallagrimsson, trad. Wagner, 1925.djvu/17

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INTRODUCTION

Parmi les nombreuses sagas qui racontent l’histoire de familles islandaises ou norvégiennes, il n’en est aucune qui, par l’art de la composition et l’élévation du langage, surpasse celle du scalde Egil, fils de Skallagrim. La structure et l’harmonie de l’ensemble, la pureté et l’élégance du style, l’animation du dialogue, la peinture des caractères, la variété et l’originalité des épisodes, l’intérêt suscité par des scènes qui, à première vue, paraissent le moins susceptibles de passionner le lecteur, tout concourt à placer l’histoire d’Egil au rang des plus belles compositions littéraires que nous ait léguées le moyen âge scandinave.

Il ne peut entrer dans notre plan de soumettre cette œuvre grandiose à une analyse détaillée ni d’approfondir toutes les questions qui s’y rattachent, malgré le vif intérêt qu’elles présentent au point de vue de l’histoire littéraire. Notre but et notre rôle c’est d’orienter le lecteur par une esquisse rapide, par une définition générale de la valeur et de la signification de cette saga, de marquer le point de vue auquel il faut se placer pour en goûter l’intérêt et pour en apprécier l’importance poétique et historique.

La saga d’Egil, qui a été mise par écrit dans la première moitié du XIIIe siècle, est, au fond, un groupement d’éléments divers que la plume d’un maître écrivain a su coordonner suivant les règles d’une logique rigoureuse et d’après un plan qui porte l’empreinte d’un talent supérieur. Les parties s’enchaînent, les situations s’enchevêtrent et se dénouent, les caractères se