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restait vainqueur, il devait obtenir, comme prix de la victoire, l’objet qui avait été la cause de la provocation ; si, par contre, il était battu, il devait se racheter au moyen d’une somme d’argent convenue d’avance. S’il succombait dans le duel, il perdait, par le fait même, tout ce qu’il possédait, et sa succession revenait à celui qui l’avait tué au combat. Les lois stipulaient aussi que, lorsqu’un étranger mourait, qui n’avait aucun héritier dans le pays, sa succession tombait entre les mains du roi.

Egil invita Ljot à s’apprêter, « Je veux que nous en finissions maintenant avec ce duel. »

Sur ces mots, il se précipita sur Ljot et lui porta des coups. Il le pressa tellement que celui-ci lâcha pied, laissant choir son bouclier sur le côté. Frappant sans répit, il l’atteignit au-dessus du genou et lui trancha le pied. Ljot tomba et succomba peu après. Egil, là-dessus, s’avança vers Fridgeir et ses amis, qui le remercièrent vivement de cet exploit. Alors Egil dit :

Il est tombé, le batailleur,
Qui a commis tant de crimes.
Le scalde[1] a tranché le pied de Ljot.
J’ai rendu la paix à Fridgeir.
Pour cet exploit, homme généreux,
Je ne désire aucune récompense.
C’était pour moi comme un jeu
De croiser l’arme avec ce pâle personnage.

En général, on regretta peu la mort de Ljot, car il avait été un acharné perturbateur. Il était d’origine suédoise et n’avait pas de parents dans le pays. C’était un immigré qui s’était enrichi par ses duels. Il avait causé la mort de nombreux et excellents propriétaires qu’il avait provoqués en combat singulier à cause de leurs terres et possessions allodiales. Aussi était-il devenu excessivement riche à la fois en propriétés et en biens mobiliers. Egil quitta le lieu du duel et retourna avec Fridgeir, chez qui il séjourna un court espace de temps, avant de partir pour Möri. Les deux hommes se quittèrent dans les meilleurs termes d’amitié. Egil autorisa Fridgeir à s’attribuer les terres qui avaient appartenu à Ljot. Il poursuivit sa route et arriva

  1. Egil.