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Page:La Sainte Bible, trad Crampon, édition 1923.djvu/1167

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Chap. XXXII, 1.
Chap. XXXI, 16.
LIVRE DE JÉRÉMIE.



3. Chap. xxxii (Grec : xxxix), 1-44 : Après la dispersion, la restauration.Date (xxxii, 1-5) et occasion de l’oracle : l’achat du champ à Anathoth (xxxii, 6-12) ; valeur symbolique de cet acte (xxxii, 13-15). Prière de Jérémie pour en comprendre le sens (xxxii, 16-25). Réponse divine : le peuple a été livré aux Chaldéens à cause de ses péchés (xxxii, 26-35) ; il sera ramené et comble de bénédictions (xxxii, 36-41) ; on y fera encore des contrats (xxxii, 42-44).

La parole qui fut adressée à Jérémie de la part de Yahweh, la dixième année de Sédécias,[1] roi de Juda. C’était la dix-huitième année de Nabuchodonosor.

2Alors l’armée du roi de Babylone assiégeait Jérusalem, et Jérémie le prophète était enfermé dans la cour de garde[2] qui était dans la maison du roi de Juda. 3Car Sédécias, roi de Juda, l’avait fait enfermer, en lui disant : « Pourquoi prophétises-tu en ces termes : Ainsi parle Yahweh : Voici que je livre cette ville aux mains du roi de Babylone, et il la prendra ; 4et Sédécias, roi de Juda n’échappera pas aux mains des Chaldéens ; il sera certainement livré aux mains du roi de Babylone, et il lui parlera bouche à bouche, et ses yeux verront ses yeux. 5Et Nabuchodonosor emmènera Sédécias à Babylone, et il y restera jusqu’à ce que je le visite, — oracle de Yahweh. Si vous combattez contre les Chaldéens, vous ne réussirez point. »

6Et Jérémie dit : La parole de Yahweh m’a été adressée en ces termes : 7Voici Hanaméel, fils de Sellum, ton oncle, qui vient vers toi pour te dire : « Achète-toi mon champ qui est à Anathoth,[3] car tu as le droit de rachat pour l’acheter. » 8Et Hanaméel, fils de mon oncle, vint vers moi selon la parole de Yahweh, dans la cour de garde, et il me dit : « Achète donc mon champ qui est à Anathoth, dans le pays de Benjamin, car tu as le droit d’héritage et le droit de rachat ; achète-le donc ! » Alors je connus[4] que c’était une parole de Yahweh. 9Et j’achetai de Hanaméel, fils de mon oncle, le champ qui est à Anathoth,[5] et je lui pesais l’argent, dix-sept sicles d’argent. 10Puis je passai l’acte et je le scellai ; je pris des témoins et je pesai l’argent dans la balance. 11Ensuite je pris l’acte[6] d’acquisition, celui qui était scellé, renfermant les stipulations et les clauses, et celui qui était ouvert. 12Et je remis l’acte d’acquisition à Baruch, fils de Néri, fils de Maasias, en présence de Hanaméel, fils de mon oncle, et en présence des témoins qui avaient signé l’acte d’acquisition, et en présence de tous les Juifs qui étaient assis dans la cour de garde. 13Et je donnai devant eux cet ordre à Baruch : 14Ainsi parle Yahweh des armées, Dieu d’Israël : Prends ces actes, cet acte d’acquisition qui est scellé, et cet acte qui est ouvert, et mets-les dans un vase de terre pour qu’ils se conservent longtemps.[7] 15Car ainsi parle Yahweh des armées, Dieu d’Israël : On achètera encore des maisons, des champs et des vignes en ce pays.

16Après que j’eus remis l’acte d’acquisition à Baruch, fils de Néri, j’adressai cette prière à Yahweh :[8]

  1. XXXII, 1. La dixième année de Sédécias. Le siège avait commencé un an auparavant (xxxix, 1 sv.). Levé momentanément par suite de l’arrivée d’un corps d’armée égyptien envoyé au secours de Juda, il avait été repris pour aboutir à la prise de la ville.
  2. 2. La cour de garde, partie de la cour extérieure du palais (d’où : qui était dans la maison du roi de Juda, ou, mieux peut être, qui se rattachait à la maison) réservée pour ceux qu’on voulait tenir sous une certaine surveillance sans les mettre dans la prison commune (Condamin) — À propos de l’emprisonnement, comp. xxxvii, 11-20.
  3. 7. Qui est à Anathoth. Jérémie reçoit l’ordre d’acheter un champ dans un pays déjà occupé par l’ennemi. Il en fait soigneusement dresser les contrats afin qu’un jour ses héritiers en aient la possession. — Droit de rachat : quand un Israélite était obligé d’aliéner une portion de son héritage, son plus proche parent (le go’êl) avait le droit (ge’ullâh) et même le devoir de l’acquérir.
  4. 8. Je connus que la vente proposée était conforme à un dessein de Yahvveh. Si, en effet, on peut faire de pareils contrats, dont le résultat ne se doive produire qu’à longue échéance, c’est la preuve que le prochain désastre ne sera pas une ruine complète.
  5. 9. Qui est à Anathoth manque dans les LXX. — Dix-sept sicles d’argent, à peine 50 fr. si le chiffre est exactement conservé ; le sicle valait environ 3 francs (exactement 2 fr. 83).
  6. 11. L’acte ou contrat d’acquisition était rédigé en deux exemplaires, dont l’un était scellé et l’autre restait ouvert pour être consulté à toute heure. Le premier ne devait être ouvert que par le juge dans le cas où le second devenait suspect d’altération.
  7. 14, 15. Longue durée de l’exil, et certitude du retour.
  8. 16. L’acte accompli par Jérémie en présence des Chaldéens partout vainqueurs, et à la veille de la prise de Jérusalem, devait lui paraître à lui-même bien étrange. De là ses instances auprès de Dieu pour en avoir l’explication.