se souiller par les mets du roi et par le vin dont il buvait, et il demanda au chef des eunuques de ne pas l’obliger à se souiller. 9Et Dieu fit trouver à Daniel grâce et faveur auprès du chef des eunuques. 10Le chef des eunuques dit à Daniel : « Je crains le roi, mon maître, qui a fixé ce que vous devez manger et boire ; car pourquoi verrait-il vos visages plus défaits que ceux des jeunes gens de votre âge ? Vous mettriez en danger ma tête auprès du roi[1] . » 11Alors Daniel dit au maître d’hôtel[2], que le chef des eunuques avait établi sur Daniel, Ananias, Misaël et Azarias : 12« Fais, je te prie, un essai avec tes serviteurs pendant dix jours, et qu’on nous donne des légumes à manger et de l’eau à boire. 13Après cela, tu regarderas[3] nos visages et le visage des jeunes gens qui mangent les mets du roi, et, selon que tu auras vu, tu agiras avec tes serviteurs. » 14Il consentit à leur demande[4] et les éprouva pendant dix jours. 15Au bout de dix jours, ils se trouvèrent avoir meilleur visage et plus d’embonpoint que tous les jeunes gens qui mangeaient les mets du roi. 16Et le maître d’hôtel emportait les mets et le vin qu’ils devaient boire, et leur donnait des légumes.
17À ces jeunes gens, à tous les quatre, Dieu donna du savoir et de l’habileté dans toute la littérature et en toute sagesse, et Daniel avait l’intelligence de toutes sortes de visions et de songes. 18Au bout du temps fixé par le roi pour les amener, le chef des eunuques les amena devant Nabuchodonosor. 19Le roi s’entretint avec eux, et il ne se trouva personne parmi eux tous comme Daniel, Ananias, Misaël et Azarias ; ils furent donc admis au service du roi[5]. 20Sur tous les sujets qui réclamaient de la sagesse et de l’intelligence, et sur lesquels le roi les interrogeait, il les trouvait dix fois supérieurs à tous les lettrés et magiciens qui étaient en tout son royaume.
21Daniel fut ainsi jusqu’à la première année du roi Cyrus.
1La seconde année du règne de Nabuchodonosor, Nabuchodonosor eut des songes[6], son esprit fut agité et le sommeil se retira de lui. 2Le roi fit appeler les lettrés, les magiciens, les enchanteurs et les Chaldéens[7] pour lui expliquer ses songes ; ils vinrent et ils se tinrent devant le roi. 3Le roi leur dit : « J’ai fait un songe, et mon esprit est agité, cherchant à connaître ce songe.[8] » [9]
- ↑ 10. Vous mettriez en danger litt., vous rendriez coupable.
- ↑ 11. Au maître d’hôtel, hébr. au meltsar, dont la Vulg. a fait un nom propre, mais qui est le nom appellatif d’une fonction comme Thartan (Is. xxi, 1). Rabsacès (Is. xxxvi, 2), etc.
- ↑ 13. Tu regarderas litt., seront vus ou se feront voir devant toi.
- ↑ 14. Il consentit à leur demande ; m. à m., il les écouta pour cette affaire.
- ↑ 19. Ils furent donc admis au service du roi : m. à m., ils se tinrent devant le roi.
- ↑ II, 1. La seconde année. Cette indication chronologique offre quelque difficulté. En effet, dès ce moment Daniel et ses compagnons nous apparaissent classés parmi les sages (ii, 13-49). Or leur admission dans cette classe (i, 18 sv.) fut précédée d’une éducation préparatoire de trois années (i, 5). Ces raisons ont porté plusieurs exégètes à admettre dans notre texte une erreur de copiste. Au lieu de seconde, il faudrait lire douzième année. D’autres maintiennent le chiffre du texte actuel : la seconde année serait en réalité la troisième. L’auteur sacré aurait suivi l’usage babylonien, d’après lequel l’année d’accession au trône ne compte pas. — Nabuchodonosor eut des songes. Les Chaldéens attachaient aux songes une importance extrême, un sens prophétique.
- ↑ 2. Les lettrés, en hébr. chartummîm, les scribes sacrés d’Hérodote, dont la fonction était de transcrire et d’interpréter les livres de magie. — Les Chaldéens, prêtres issus de la race la plus ancienne du pays ; ils formaient la classe la plus considérée parmi les différentes catégories de sages babyloniens (Hérod, i, 171). Une cinquième classe, celle des astrologues, qui annonçaient l’avenir d’après le mouvement des astres, est nommée plus loin (vers. 27).
- ↑ 3. À connaître ce songe. D’après saint Jérôme, le roi ne se souvenait plus que très vaguement du rêve mystérieux qui l’avait tourmenté. Il demande aux mages de le lui reconstituer.
- ↑ 8. De ne pas se souiller etc. C’était un usage chez les païens de donner à leurs repas un caractère religieux en offrant à leurs dieux une partie des viandes et du vin qu’on servait sur leur table : comp. I Cor. x, 20. D’ailleurs, parmi ces viandes, il pouvait s’en trouver de proscrites par la loi (Lév. xi ; xx, 25), ou apprêtées contrairement à ses préceptes (Lév. vii, 27).