Page:La Sainte Bible, trad Crampon, édition 1923.djvu/1408

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Qui la plaindra ? Où te chercherai-je des consolateurs ? 8Vaux-tu mieux que No-Amon[1], qui était assise sur les fleuves, que les eaux environnaient, qui avait la mer pour rempart, et dont la mer était la muraille ? 9L’Éthiopie était sa force, ainsi que l’Egypte, et ils étaient innombrables ; Phut[2] et les Libyens étaient tes auxiliaires. 10Pourtant, elle est allée en exil, elle a été captive ; ses petits enfants aussi ont été écrasés, à l’angle de toutes les rues ; on a jeté le sort sur ses nobles, et tous ses grands ont été chargés de chaînes.

11Toi aussi, tu seras enivrée et tu disparaîtras[3] ; toi aussi, tu chercheras un refuge devant l’ennemi. 12Toutes tes places fortes sont des figuiers aux figues mûres ; on secoue, et elles tombent dans la bouche de qui veut les manger. 13Voici que ton peuple est comme des femmes au milieu de toi ; devant tes ennemis s’ouvriront toutes grandes les portes de ton pays ; le feu dévore tes verrous.

14Puise-toi de l’eau en vue du siège, restaure tes forts, pétris l’argile[4] et foule la terre glaise, saisis le moule à briques. 15Là le feu te dévorera, l’épée t’exterminera, elle te dévorera comme le yéléq, quand tu serais nombreux comme le yéléq, nombreux comme la sauterelle.

16Tu as multiplié tes marchands[5], plus que les étoiles du ciel ; le yéléq ouvre ses ailes et s’envole. 17Tes gardes sont comme le yéléq et tes chefs comme un amas de sauterelles ; elles se posent sur les haies en un jour froid ; dès que le soleil paraît, elles fuient, et l’on ne connaît plus leur séjour ; où sont-elles ? 18Tes pasteurs sont endormis, roi d’Assyrie ; tes vaillants hommes sont couchés, ton peuple est dispersé sur les montagnes, et il n’y a personne qui les rassemble.

19Ta blessure est sans remède, ta plaie est grave ; tous ceux qui entendront raconter ton sort battront des mains à ton sujet ; car sur qui ta méchanceté n’a-t-elle pas passé sans trêve ?

  1. 8. No-Amon, cap. de la Haute Égypte. — Les fleuves, le Nil et ses canaux. — La mer ; les grands fleuves sont souvent appelés mer, par ex. l’Euphrate Is. xxvii, i ; Jér. li, 36 ; le Nil, Is. xix, 5 ; etc.
  2. 9. Phut, les habitants de la côte septentrionale de l’Afrique jusqu’à la Mauritanie. — Les Libyens proprement dits. — Tes auxiliaires ; LXX, ses auxiliaires.
  3. 11. Tu disparaîtras. D’autres : tu seras objet de dédain.
  4. 14. Pétris l’argile, afin de réparer les murailles avec des briques, soit séchées au soleil, soit cuites au four.
  5. 16. Tes marchands etc. ; mais ils ne seront pas pour toi une force : dès que l’ennemi paraîtra, ils prendront la fuite avec la rapidité de la sauterelle. — Le yéléq, une espèce de sauterelle, ou encore un des états de la sauterelle au cours de ses métamorphoses. — Ouvre ses ailes. D’autres : se répand, fait invasion ; ou encore, se dépouille ou mue.