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Page:La Sainte Bible, trad Crampon, édition 1923.djvu/1485

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Chap. VII, 1.
Chap. VII, 32.
ÉVANGILE SELON S. MARC.

on le priait de les laisser seulement toucher la houppe de son manteau ; et tous ceux qui pouvaient le toucher étaient guéris.

Les Pharisiens et plusieurs Scribes venus de Jérusalem s’assemblèrent auprès de Jésus.[1] 2Ayant vu quelques-uns de ses disciples prendre leur repas avec des mains impures, c’est-à-dire non lavées, ils les blâmèrent. — 3Car les Pharisiens et tous les Juifs ne mangent pas sans s’être lavé soigneusement[2] les mains, suivant la tradition des anciens. 4Et lorsqu’ils reviennent de la place publique ils ne mangent pas sans avoir pratiqué des ablutions. Ils pratiquent encore beaucoup d’autres observances traditionnelles, la purification des coupes, des cruches, des vases d’airain, et des lits[3]. — 5Les Pharisiens et les Scribes lui demandèrent donc : « Pourquoi vos disciples ne suivent-ils pas la tradition des anciens, et prennent-ils leur repas avec des mains impures ? » 6Il leur répondit : « Isaïe a bien prophétisé de vous, hypocrites, ainsi qu’il est écrit : Ce peuple m’honore des lèvres, mais leur cœur est loin de moi[4]. 7Vain est le culte qu’ils me rendent, enseignant des doctrines qui sont des préceptes d’hommes. 8Vous laissez de côté le commandement de Dieu, pour vous attacher à la tradition des hommes, purifiant les vases[5] et les coupes, et faisant beaucoup d’autres choses semblables. 9Vous savez fort bien, ajouta-t-il, anéantir ainsi le commandement de Dieu, pour observer votre tradition ! 10Car Moïse a dit : Honore ton père et ta mère ; et : Celui qui maudira son père et sa mère, qu’il soit puni de mort[6]. 11Et vous, vous dites : Si un homme dit à son père ou à sa mère : Le bien dont j’aurais pu t’assister est corban, c’est-à-dire un don fait à Dieu,[7] 12vous ne le laissez plus rien faire pour son père ou sa mère, — 13anéantissant ainsi la parole de Dieu par la tradition que vous enseignez. Et vous faites beaucoup d’autres choses semblables. »

14Ayant rappelé le peuple, Jésus leur dit : « Écoutez-moi tous, et comprenez. 15Rien de ce qui est hors de l’homme et qui entre dans l’homme ne peut le souiller ; mais ce qui sort de l’homme, voilà ce qui souille l’homme. 16Que celui qui a des oreilles entende bien. »

17Lorsqu’il fut entré dans une maison, loin de la foule, ses disciples l’interrogèrent sur cette parabole[8]. 18Il leur dit : « Vous aussi, avez-vous si peu d’intelligence ? Ne comprenez-vous pas que tout ce qui du dehors entre dans l’homme ne peut le souiller, 19parce que cela n’entre pas dans son cœur, mais va au ventre, et est rejeté au lieu secret, ce qui purifie tous les aliments ? 20Mais ajouta-t-il, ce qui sort de l’homme, voilà ce qui souille l’homme. 21Car c’est du dedans, du cœur des hommes, que sortent les pensées mauvaises, les adultères, les fornications, les homicides, 22les vols, l’avarice, les méchancetés, la fraude, le libertinage, l’œil malin, la calomnie, l’orgueil, la folie. 23Toutes ces choses mauvaises sortent du dedans et souillent l’homme. »

3. Jésus en Phénicie : La Chananéenne (24-30) ; dans la Décapole : le sourd-muet ; seconde multiplication des pains (31 — viii, 9) ; apparition en Galilée : les Pharisiens demandent un prodige (10-12).

24Il partit ensuite de ce lieu, et s’en alla vers les confins de Tyr et de Sidon[9]. Et étant entré dans une maison, il désirait que personne ne le sût, mais il ne put demeurer caché. 25Car une femme, dont la petite fille était possédée d’un esprit impur, n’eut pas plus tôt entendu parler de lui, qu’elle vint se jeter à ses pieds. 26Cette femme était païenne, syro-phénicienne de nation ; elle le pria de chasser le démon hors de sa fille. 27Il lui dit : « Laissez d’abord les enfants se rassasier, car il n’est pas bien de prendre le pain des enfants et de le jeter aux petits chiens. — 28Il est vrai, Seigneur, répondit-elle ; mais les petits chiens mangent sous la table les miettes des enfants. » 29Alors il lui dit : « À cause de cette parole, allez, le démon est sorti de votre fille. » 30Étant retournée à sa maison, elle trouva sa fille couchée sur son lit ; le démon l’avait quittée.

31Sortant alors du pays de Tyr, Jésus revint par Sidon vers la mer de Galilée, au centre du pays de la Décapole.

32Là, on lui amena un sourd-muet[10], et on le pria de lui imposer les mains.
  1. VII, 1. Matth. xv, 1.
  2. 3. Soigneusement πυγμῇ. litt. à poing fermé, ou jusqu’au coude. La Vulgate a lu πυγνα, souvent.
  3. 4. Lits, voir iv, 21.
  4. 6. Is. xxix, 13.
  5. 8. Purifiant les vases, etc. : ce membre de phrase manque dans plusieurs manuscrits.
  6. 10. Exod. xx, 12.
  7. 11. Voy. Matth. xv, 5. La phrase est suspendue ici comme là ; il faut suppléer : cet homme est quitte envers ses parents, et ainsi (v. 12) vous le dispensez de toute autre obligation.
  8. 17. Parabole : la sentence énigmatique du v. 15.
  9. 24. Matth. xv, 21. Plusieurs mss. omettent : et de Sidon ; Cf. vers. 31.
  10. 32. Matth. xv, 29. Le grec μογιλάλον, litt. un sourd qui parlait difficilement. Mis ici pour muet (cf. ἀλάλους, vers. 37 et le même mot usité dans les Septante, Is. xxxv, 6, pour l’hébreu ’illem, muet). On veut sans doute faire remarquer par là qu’il n’était pas sourd-muet de naissance.