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Chap. VIII, 51.
Chap. IX, 17.
ÉVANGILE SELON S. JEAN.

qui fera justice. 51En vérité, en vérité, je vous le dis, si quelqu’un garde ma parole, il ne verra jamais la mort.” 52Les Juifs lui dirent : “Nous voyons maintenant qu’un démon est en vous. Abraham est mort, les prophètes aussi, et vous, vous dites : Si quelqu’un garde ma parole, il ne verra jamais la mort. 53Êtes-vous plus grand que notre père Abraham, qui est mort ? Les Prophètes aussi sont morts ; qui prétendez-vous être ?” 54Jésus répondit : “Si je me glorifie moi-même, ma gloire n’est rien ; c’est mon Père qui me glorifie, lui dont vous dites qu’il est votre Dieu ;[1] 55et pourtant vous ne le connaissez pas ; mais moi, je le connais ; et si je disais que je ne le connais pas, je serais menteur comme vous. Mais je le connais et je garde sa parole. 56Abraham votre père, a tressailli de joie de ce qu’il devait voir mon jour ; il l’a vu, et il s’est réjoui.”[2] 57Les Juifs lui dirent : “Vous n’avez pas encore cinquante ans, et vous avez vu Abraham !” 58Jésus leur répondit : “En vérité, en vérité, je vous le dis, avant qu’Abraham fût, je suis.”[3]

59Alors ils prirent des pierres pour les lui jeter ; mais Jésus se cacha, et sortit du temple.[4]



C. — Le Samedi après la fête des tabernacles.

[IX — X, 21.]

1. Chap. ix, 1-41 : L’aveugle-né. — Sa guérison (1-7). Effets du prodige sur la foule (8-12). Enquête et opposition des Pharisiens (13-34). Jésus se révèle comme Fils de Dieu à l’aveugle guéri (35-38). Amers reproches aux Pharisiens (39-41).

Jésus vit, en passant, un aveugle de naissance. 2“Maître, lui demandèrent ses disciples, est-ce que cet homme a péché, ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle ?”[5] 3Jésus répondit : “Ni lui, ni ses parents n’ont péché, mais c’est afin que les œuvres de Dieu soient manifestées en lui. 4Il faut, tandis qu’il est jour, que je fasse les œuvres de celui qui m’a envoyé ; la nuit vient, où personne ne peut travailler.[6] 5Pendant que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde.” — 6Ayant ainsi parlé, il cracha à terre, fit de la boue avec sa salive, puis il l’étendit sur les yeux de l’aveugle, 7et lui dit : “Va, lave-toi dans la piscine de Siloé (mot qui se traduit : Envoyé).” Il partit, se lava, et s’en retourna voyant clair.[7]

8Les voisins, et ceux qui l’avaient vu auparavant demander l’aumône, disaient : “N’est-ce pas là celui qui était assis et mendiait ?” 9Les uns répondaient : “C’est lui”  ; d’autres : “Non, mais il lui ressemble.” Mais lui disait : “C’est moi.” 10Ils lui dirent donc : “Comment tes yeux ont-ils été ouverts ?” 11Il répondit : “Un homme, celui qu’on appelle Jésus, a fait de la boue, il l’a étendue sur mes yeux, et m’a dit : Va à la piscine de Siloé et lave-toi. J’y ai été, et, m’étant lavé, j’ai recouvré la vue. — 12Où est cet homme ? “lui dirent-ils. Il répondit : “Je ne sais pas.”

13Ils menèrent aux Pharisiens celui qui avait été aveugle. 14Or, c’était un jour de sabbat que Jésus avait ainsi fait de la boue et ouvert les yeux de l’aveugle. 15A leur tour, les Pharisiens lui demandèrent comment il avait recouvré la vue, et il leur dit : “Il m’a mis sur les yeux de la boue, je me suis lavé, et je vois.” 16Sur cela, quelques-uns des Pharisiens disaient : “Cet homme n’est pas envoyé de Dieu, puisqu’il n’observe pas le sabbat.” D’autres disaient : “Comment un pécheur peut-il faire de tels prodiges ?” Et la division était entre eux. 17Ils dirent donc de nouveau à l’aveugle : “Et toi, que dis-tu de lui, de ce qu’il t’a ouvert les yeux ?” Il répondit : “C’est un prophète.”

  1. 54. Comp. v, 31.
  2. 56. À tressailli de joie… le jour où il a reçu la promesse que de sa race sortirait le Messie. Voy. Gen. xii, 2-3 ; xviii, 18 ; xxii, 16-18. — Mon jour, le jour de ma venue sur la terre. — Il l’a vu, durant sa vie terrestre, par la foi et la révélation ; et selon d’autres il l’a vu surtout dans les limbes, dans le séjour des âmes, où avec les pieux personnages de l’Ancien Testament, il assiste à la réalisation des promesses divines.
  3. 58. Fût… je suis : en grec il y a deux verbes différents : l’un γενέσθαι, se dit des êtres qui arrivent à l’existence dans le temps ; l’autre, εἰμί, n’indiquant aucun commencement, convient à l’existence éternelle et immuable.
  4. 59. Le texte reçu ajoute ici : Passant au milieu d’eux, et il s’en alla ainsi. Ces mots, absents des meilleurs manuscrits, proviennent d’une combinaison du commencement du chapitre suivant avec S. Luc, iv. 30.
  5. IX, 2. Comp. Exod. xx, 5 ; Luc, xiii, 1 sv. ; Jean, v, 14 et Deut. v, 9 ; II Sam. xii, 14 sv.
  6. 4. Bien que la leçon des plus anciens manuscrits porte nous fassions, celle du pronom singulier, je fasse est suffisamment appuyée et répond seule avec la suite : qui m’a envoyé.
  7. 7. Remarquez l’analogie et le symbolisme qui existe entre le nom de Siloé (en hébr. schiloâch, c’est-à-dire envoyé), et le caractère d’envoyé par excellence qu’a Jésus-Christ.