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Chap. XV, 1.
Chap. XV, 20.
ACTES DES APÔTRES.



II. — LE CONCILE DE JÉRUSALEM.

[XV, 1 – 34.]
Occasion du Concile (xv, 1-3). Réception de S. Paul et de S. Barnabé à Jérusalem (4-5). Réunion du Concile ; délibération des Apôtres (6-21). Promulgation des décisions du Concile (22-34).

Or quelques gens, venus de Judée, enseignaient aux frères cette doctrine : “Si vous n’êtes pas circoncis selon la loi de Moïse, vous ne pouvez pas être sauvés.”[1] 2Paul et Barnabé ayant donc eu avec eux une contestation et une vive discussion, il fut décidé que Paul et Barnabé, avec quelques autres des leurs, monteraient à Jérusalem vers les Apôtres et les Anciens pour traiter cette question.[2] 3Après avoir été accompagnés par l’Église, ils poursuivirent leur route à travers la Phénicie et la Samarie, racontant la conversion des Gentils, ce qui causa une grande joie à tous les frères.

4Arrivés à Jérusalem, ils furent reçus par l’Église, les Apôtres et les Anciens, et ils racontèrent tout ce que Dieu avait fait pour eux. 5Alors quelques-uns du parti des Pharisiens, qui avaient cru, se levèrent, en disant qu’il fallait circoncire les Gentils et leur enjoindre d’observer la loi de Moïse.

6Les Apôtres et les Anciens s’assemblèrent pour examiner cette affaire. 7Une longue discussion s’étant engagée, Pierre se leva et leur dit : “Mes frères, vous savez que Dieu, il y a longtemps déjà, m’a choisi parmi vous, afin que, par ma bouche, les Gentils entendent la parole de l’Évangile et qu’ils croient.[3] 8Et Dieu, qui connaît les cœurs, a témoigné en leur faveur, en leur donnant le Saint-Esprit comme à nous ;[4] 9il n’a fait aucune différence entre eux et nous, ayant purifié leurs cœurs par la foi. 10Pourquoi donc tentez-vous Dieu maintenant, en imposant aux disciples un joug que ni nos pères ni nous n’avons pu porter ? 11Mais c’est par la grâce du Seigneur Jésus-Christ que nous croyons être sauvés, de la même manière qu’eux.”

12Toute l’assemblée garda le silence, et l’on écouta Barnabé et Paul, qui racontèrent tous les miracles et les prodiges que Dieu avait faits par eux au milieu des Gentils.

13Lorsqu’ils eurent cessé de parler, Jacques prit la parole et dit : “Frères, écoutez-moi. 14Simon a raconté comment Dieu tout d’abord a pris soin de tirer du milieu des Gentils un peuple qui portât son nom.[5] 15Avec ce dessein concordent les paroles des prophètes, selon qu’il est écrit : 16Après cela je reviendrai, et je rebâtirai la tente de David qui est renversée par terre ; j’en réparerai les ruines et la relèverai,[6] 17afin que le reste des hommes cherche le Seigneur, ainsi que toutes les nations qui sont appelées de mon nom, dit le Seigneur, qui exécute ces choses. 18L’œuvre du Seigneur est connue de toute éternité. — 19C’est pourquoi je suis d’avis qu’il ne faut pas inquiéter ceux d’entre les Gentils qui se convertissent à Dieu.

20Qu’on leur écrive seulement qu’ils ont à s’abstenir des souillures des idoles, de l’impureté, des viandes étouffées et du sang.[7]
  1. XV, 1. Plusieurs judéo-chrétiens qui, sans doute, avant d’embrasser le christianisme, avaient appartenu à la secte des Pharisiens, se rendirent de Judée à Antioche, et là ils revendiquèrent les prétendus droits du judaïsme sur les Gentils devenus chrétiens. Le salut, disaient-ils, restait toujours attaché au judaïsme, il fallait donc exiger que pour entrer dans l’Église les païens acceptassent de se soumettre à toutes les pratiques religieuses de la Loi, et spécialement à la circoncision. Telle fut l’occasion de la conférence ou concile qui eut lieu dans la ville sainte, en l’an 51.
  2. 2. Ce fut le troisième voyage de S. Paul à Jérusalem, comp. ix, 26 ; xi, 29-30.
  3. 7. Allusion à la conversion du centurion Corneille (x, 9 sv.). — Vulgate : Vous savez que Dieu a fait un choix parmi nous.
  4. 8. Voy. x, 44 ; xi, 15.
  5. 14. Simon, forme hellénique du nom hébreu (Schiméon) de saint Pierre.
  6. 16. Amos, ix, 11-12, citation libre d’après les Septante.
  7. 20. Il est donc spécialement recommandé aux Gentils de s’abstenir de quatre pratiques : Des souillures des idoles, c’est-à-dire des viandes offertes aux idoles, ainsi que le dit clairement le vers. 29. (Cf. xxi, 25 et Rom. xiv-xv ; I Cor. viii-x). — De l’impureté, τῆς πορνείας, mot grec qui, chez les auteurs sacrés et profanes, désigne souvent l’impudicité en général, que les païens ne regardaient pas comme un désordre grave. Comme ce précepte de droit naturel vient se mêler ici à trois autres prescriptions positives et légales, certains interprètes ont pensé que le mot πορνεία indiquerait ici plutôt le péché consistant à contracter mariage au mépris des prescriptions positives de la loi de Moïse, acceptées par les premiers chrétiens. — Des viandes étouffées et du sang : l’usage de ces viandes et du sang était interdit aux Juifs (Lévitique, xvii, 1).
    Ces prescriptions étaient destinées à aplanir les difficultés des rapports entre les chrétiens d’origine juive et ceux d’origine païenne, et à faire éviter sur ces quatre points, le scandale des faibles. Plusieurs points tombèrent d’eux mêmes en désuétude quand la fusion fut opérée.