Page:La Sainte Bible, trad Crampon, édition 1923.djvu/1613

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.



2. Chap. ii, 1 — iii, 20. — a) Transition des Gentils aux Juifs. Chacun sera jugé selon ses œuvres (ii, 1-8), les Juifs sur les prescriptions de la Loi écrite, comme les païens sur celles de la loi naturelle (9-16). — b) Les Juifs.Loin de les couvrir, la loi aggravera leur condamnation (17-24.) C’est en vain qu’ils se confient dans les prérogatives de leur race, la circoncision (25-29) et les promesses (iii, 1-8). — c) Conclusion : Tous les hommes, les Juifs non moins que les Gentils, sont convaincus de péché par l’Écriture (9-20).

Ainsi, qui que tu sois, ô homme, toi qui juges, tu es inexcusable ; car, en jugeant les autres, tu te condamnes toi-même, puisque tu fais les mêmes choses, toi qui juges[1]. 2Car nous savons que le jugement de Dieu est selon la vérité contre ceux qui commettent de telles choses. 3Et tu penses, ô homme, toi qui juges ceux qui les commettent, et qui les fais toi-même, que tu échapperas au jugement de Dieu ?[2] 4Ou méprises-tu les richesses de sa bonté, de sa patience et de sa longanimité ? et ne sais-tu pas que la bonté de Dieu t’invite à la pénitence ? 5Par ton endurcissement et ton cœur impénitent, tu t’amasses un trésor de colère pour le jour de la colère et de la manifestation du juste jugement de Dieu, 5qui rendra à chacun selon ses œuvres : 7la vie éternelle à ceux qui, par la persévérance dans le bien, cherchent la gloire, l’honneur et l’immortalité ; 8mais la colère et l’indignation aux enfants de contention, indociles à la vérité, dociles à l’iniquité. 8Oui, tribulation et angoisse sur tout homme qui fait le mal, sur le Juif premièrement, puis sur le Grec ; 10gloire, honneur et paix pour quiconque fait le bien, pour le Juif premièrement, puis pour le Grec. 11Car Dieu ne fait pas acception des personnes. 12Tous ceux qui ont péché sans loi périront aussi sans loi, et tous ceux qui ont péché avec une loi seront jugés par cette loi. 13Ce ne sont pas, en effet, ceux qui écoutent une loi qui sont justes devant Dieu ; mais ce sont ceux qui la mettent en pratique qui seront justifiés. 14Quand des païens, qui n’ont pas la loi, accomplissent naturellement ce que la Loi commande, n’ayant pas la loi, ils se tiennent lieu de loi à eux-mêmes[3] ; 15ils montrent que ce que la Loi ordonne est écrit dans leurs cœurs, leur conscience rendant en même temps témoignage par des pensées qui, de part et d’autre, les accusent ou les défendent. 16C’est ce qui paraîtra au jour où, selon mon Évangile, Dieu jugera par Jésus-Christ les actions secrètes des hommes[4].

17Toi qui portes le nom de Juif, qui te reposes sur la Loi, qui te glorifies en Dieu, qui connais sa volonté[5], 18qui sais discerner ce qu’il y a de meilleur, instruit que tu es par la Loi ; 19toi qui te flattes d’être le guide des aveugles, la lumière de ceux qui sont dans les ténèbres, le docteur des ignorants, 20le maître des enfants, ayant dans la Loi la règle de la science et de la vérité : — 21toi donc qui enseignes les autres, tu ne t’enseignes pas toi-même ! Toi qui prêches de ne pas dérober, tu dérobes ![6] 22Toi qui défends de commettre l’adultère, tu commets l’adultère ! Toi qui as les idoles en abomination, tu profanes le temple ![7] 23Toi qui te fais une gloire d’avoir une loi, tu déshonores Dieu en la transgressant ! 24Car « le nom de Dieu est blasphémé à cause de vous parmi les nations, » comme dit l’Écriture[8].

25La circoncision est utile, il est vrai, si tu observes la Loi ; mais si tu transgresses la Loi, tu n’es plus, avec ta circoncision, qu’un incirconcis. 26Si donc l’incirconcis observe les préceptes de la Loi, son incirconcision ne sera-t-elle pas réputée circoncision ? 27Bien plus, l’homme incirconcis de naissance, s’il observe

  1. O homme désigne les Juifs. — Vulg., Puisque tu fais les choses mêmes que tu condamnes.
  2. Les Juifs des derniers temps se flattaient de n’avoir rien à craindre, sous prétexte qu’ils étaient les enfants d’Abraham, les fils du royaume, Matth. viii, 12.
  3. Naturellement, avec la lumière intérieure de la conscience (natura duce), sans l’enseignement extérieur d’une loi écrite. S’il arrive que des Gentils qui n’ont pas la loi de Moïse, mais, guidés par la lumière de leur raison, de leur conscience, pratiquent des choses que la loi ordonne, c’est-à-dire certains devoirs, cela montre qu’ils ont une loi gravée au fond de leur cœur. Le Juif ne peut donc se prévaloir d’avoir une loi, puisque les païens en ont une aussi ; car il ne suffit pas d’avoir une loi, il faut l’observer.
  4. Selon mon Évangile, ma prédication.
  5. Après cette transition du païen au juif (1-16) pour montrer qu’ils sont dans une situation équivalente, S. Paul en vient directement aux Juifs.
  6. Apodose. Sens général des vers. 21 sv. : Pourquoi donc ne conformes-tu pas ta conduite à la connaissance que tu as de la Loi ?
  7. Le temple du vrai Dieu : comp. Matth. xxi, 13. D’autres : Tu pilles leurs temples, les temples des idoles, pour t’en approprier les dépouilles : comp. Josèphe, Antiq. IV, viii, 10.
  8. S. Paul cite Is. lii, 5, d’après les LXX, pour exprimer sa pensée avec des paroles de la sainte Écriture. Comp. Ez. xxxvi, 20.