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Page:La Sainte Bible, trad Crampon, édition 1923.djvu/1750

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Chap. XVI, 11.
Chap. XVII, 4.
APOCALYPSE DE S. JEAN.

11et ils blasphémèrent le Dieu du ciel à cause de leurs douleurs et de leurs ulcères, et ils ne se repentirent point de leurs œuvres. 12Puis le sixième répandit sa coupe sur le grand fleuve de l’Euphrate, et les eaux en furent desséchées, afin de livrer passage aux rois venant de l’Orient. 13Et je vis sortir de la bouche du dragon, et de la bouche de la bête, et de la bouche du faux prophète, trois esprits impurs,[1] semblables à des grenouilles. 14Car ce sont des esprits de démons qui font des prodiges, et ils vont vers les rois de toute la terre, afin de les rassembler pour le combat du grand jour[2] du Dieu tout-puissant. 15Voici que je viens comme un voleur. Heureux celui qui veille et qui garde ses vêtements, pour ne pas aller nu et ne pas laisser voir sa honte ! 16Et ils les rassemblèrent dans le lieu appelé en hébreu Armaguédon.[3] 17Puis le septième répandit sa coupe dans l’air ; et il sortit du sanctuaire une grande voix venant du trône, qui disait : « C’en est fait ! » 18Et il y eut des éclairs, des voix, des tonnerres, et un grand tremblement, tel que jamais, depuis que l’homme est sur la terre, il n’y eut tremblement de terre aussi grand. 19La grande cité fut divisée en trois parties, et les villes des nations s’écroulèrent, et Dieu se souvint de Babylone la grande, pour lui faire boire la coupe du vin de son ardente colère.[4] 20Toutes les îles s’enfuirent, et l’on ne retrouva plus de montagnes.

21Et des grêlons énormes, pouvant peser un talent,[5] tombèrent du ciel sur les hommes ; et les hommes blasphémèrent Dieu à cause du fléau de la grêle, parce que ce fléau était très grand.

E. — La grande Babylone.

La grande Babylone que soutient la bête aux sept têtes, sera punie de ses abominations par une ruine complète et éternelle, pour le désespoir des mondains, mais aussi pour la gloire de Dieu et le triomphe de l’Église (xvii — xix, 20).
1o Un ange fait voir à S. Jean la grande Babylone montée sur la bête (xvii, 1-6), et, — 2o lui en explique les mystérieuses significations (7-18).

Puis l’un des sept anges qui portaient les sept coupes vint me parler en ces termes : « Viens, je te montrerai le jugement de la grande prostituée[6] qui est assise sur les grandes eaux, 2avec laquelle les rois de la terre se sont souillés, et qui a enivré les habitants de la terre du vin de son impudicité. » 3Et il me transporta en esprit dans un désert.

Et je vis une femme assise sur une bête écarlate, pleine de noms de blasphème, et ayant sept têtes et dix cornes.

4Cette femme était vêtue de pourpre et d’écarlate ; et richement parée d’or, de pierres précieuses et de perles ; elle tenait
  1. 13. Trois esprits impurs, sortis, l’un de la gueule du dragon, le second de la gueule de la bête à laquelle Satan a donné son pouvoir (xiii, 2), le troisième de la bouche du faux-prophète, c’est-à-dire de la bête issue de la terre (xiii, 11 sv.). Semblables à des grenouilles, qui naissent et vivent dans la boue des marais. Il faut voir ici des symboles de l’influence diabolique sur les événements du monde, dans ses divers modes d’action, soit immédiate (le dragon) soit médiate, par les forces humaines (matérielle et intellectuelle) que figurent les deux bêtes.
  2. 14. La bataille du grand jour est décrite au chap. xix, 11-21, pour ce qui regarde l’Antéchrist et ses complices humains (comp. II Thess. ii, 8), et de nouveau, pour ce qui concerne spécialement l’action du dragon et la ruine de ses entreprises, au chap, xx, 8-10.
  3. 16. Armagédon, c’est-à-dire, ville de Mageddo. Cf. Jug. iv, 5 ; v, 19. Ce nom symbolique désigne le lieu où, par l’impulsion de Satan et sous la conduite de l’Antéchrist, les rois antichrétiens se rassembleront pour livrer leur dernier combat, ce sera pour eux un Armagédon (nous dirions aujourd’hui un Waterloo) c.-à-d. le théâtre d’une irrémédiable défaite.
    Cependant la bataille elle-même n’étant qu’une figure de l’écrasement des ennemis du Christ, par la gloire de son second avènement, le rassemblement des rois ne paraît pas non plus devoir être nécessairement pris à la lettre ; il peut signifier l’entente morale et la coalition des puissances du monde, avec l’Antéchrist, contre J.-C. et son Église (xvii, 13, 14).
  4. 19. Le texte semble ici distinguer cette grande ville de Babylone la grande, que le ch. xvii nous présentera comme le symbole de la société antichrétienne, opposée à la société des fidèles qui est l’Église.
  5. 21. Un talent, chez les Hébreux, valait 3000 sicles, soit un peu plus de 42 kilogrammes.
    La 7e coupe nous a conduits encore une fois jusqu’à la consommation du monde, et incidemment (v. 19) elle a ménagé la transition aux visions suivantes, qui nous révéleront plus en détail la nature et les destinées de la grande Babylone.
  6. XVII, 1. La grande prostituée qui symbolise une grande cité (v. 18), ne semble pas devoir être regardée ici comme personnifiant la Rome des Césars, ni exclusivement, ni même principalement. Ce n’est pas, croyons-nous, une ville particulière, c’est la société antichrétienne, la cité des hommes, opposée à la cité de Dieu, à la société chrétienne.